• Quand elle est sortie de la salle, après la première adaptation cinématographique de son roman, Pamela Lyndon Travers n’a pas pleuré de joie… Pamela, c’est l’auteur de Mary Poppins. Et elle était effondrée de voir ce qu’en avait fait Walter Disney. À tel point qu’elle en interdit toute vente des droits d’auteur et toute autre adaptation.
  • A son tour, Yves, fan de Valérian, s’inquiétait de l’adaptation de la bande dessinée par Luc Besson qui allait sortir — je ne l’ai pas encore vue alors je ne vous en parlerai pas ici…
  • Sur le même plan, en commentaire à la dernière Lettre du Dimanche, Tatiana Pruzan nous confiait son vibrant témoignage, chargé de ressentiments contre Victor Hugo. (je vous laisse le redécouvrir ici : https://commentecrireunlivre.fr/experience-structure/)

C’est ce croisement affectif — d’un auteur attaché à son œuvre, d’un lecteur enthousiaste, fanatique et d’une lectrice agacée — qui m’intéresse aujourd’hui :

Il y a une vie après l’écriture !

Les jeunes auteurs sont souvent concentrés sur la rédaction et oublient, ou omettent, tout ce qui suivra. Peut-être parce qu’ils sont persuadés que ça leur échappera.
La première réalité, évidemment, c’est que le roman n’existera que par ses lecteurs. Vous serez contraint de leur abandonner votre « bébé » et de le voir grandir chez eux, grâce à eux.

C’est ce qui se passe dans une adaptation.

D’ailleurs, l’interprétation atteint même le lecteur du roman et remet en cause son interprétation, le monde imaginaire qu’il s’était créé autour de cette œuvre, déjà indépendamment de l’auteur.

C’est d’autant plus manifeste dans une adaptation cinématographique, car le texte est entièrement reformaté (il faut que l’histoire puisse être racontée en quelques heures), réécrit par le ou les scénaristes, réinterprété par le réalisateur (et toute son équipe, mêlant l’image, les décors, les acteurs, les sons, la musique…), remodelé par le monteur…

… et rebelote avec le spectateur qui le recevra, à son tour, à sa manière !

Il y a en effet de quoi avoir le tournis.

 

Et pourtant !

Ce monde ouvert n’échappe pourtant pas complètement à l’auteur.

Car lui aussi continue de vivre (on lui souhaite !).

Oui, après l’écriture, l’auteur tient encore un rôle influent, sciemment ou involontairement.

La même phrase écrite par Lamartine ne sera pas reçue de la même manière que si c’est un inconnu.

En effet, un roman s’inscrit toujours dans une œuvre plus large.

Mais surtout, d’une manière plus mystérieuse, sa réception est influencée par l’image auctoriale (voilà… je l’ai placé !).

C’est vrai pour les auteurs illustres, publiés à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires, à grand renfort de publicité, mais c’est vrai aussi pour les plus modestes, qui autoéditent et vendent quelques dizaines d’exemplaires sur Amazon.

Les spécialistes parlent aussi de posture de l’auteur. C’est-à-dire l’ensemble du discours par l’auteur sur lui-même ou par l’éditeur, mais aussi par les journalistes, critiques, etc.

Cette image existe, que vous le vouliez ou non. Et vous avez tout intérêt à en proposer une, même si vous ne pourrez pas la contrôler entièrement.

Quand je leur dit ça, certains auteurs pensent qu’il s’agit de se construire un personnage de A à Z, avec toutes les complications induites (faut-il porter une perruque, un faux nez et des lentilles de couleur, en s’inventant un accent brésilien ? Doit-on apprendre le saut en parachute pour se prendre en selfie au-dessus d’un nuage ?).

En fait, c’est bien plus simple que ça. Vous le faites naturellement dans la vie de tous les jours : vous ne réagissez pas de la même manière avec votre meilleure amie, avec votre patron, avec votre voisin… n’est-ce pas ?

Pourquoi ne le feriez-vous pas avec vos lecteurs ? Vous pouvez le faire intuitivement, en projetant une certaine image de vous-même. En vous la représentant, vous pourrez vous couler dans cette posture, agir et parler comme vous l’aurez prévu.

Tenez, par exemple, si vous écrivez un polar et que vous travaillez à la brigade criminelle, votre expérience supposée par le lecteur colorera la lecture.

Remarquez, vous n’êtes même pas obligé d’appliquer réellement cette expérience dans votre roman : nous sommes dans l’ordre de la croyance (au sens faible), de l’influence par votre image.

Pour cela, il faut simplement que le lecteur apprenne votre métier et le garde à l’esprit.

Il l’apprendra dans tout ce qui parlera de votre roman, bien sûr, et dans toutes les informations que vous égrènerez : la présentation de vente, la 4e de couverture, la bio de l’auteur, mais aussi ce que vous direz sur votre page d’auteur, sur votre blogue, dans vos commentaires sur les pages des autres, comment vous réagirez à l’actualité, vos partages, vos choix d’images, etc.

 

Si ce n’est pas votre métier, ce pourra être une passion, un point de vue tranché, etc.

L’essentiel est que vous soyez reconnaissable par un ou deux éléments forts. Faites-vous une liste de mots clefs qui caractérisent votre image d’auteur et utilisez-lez partout.

Internet vous offre sur un plateau des moyens incroyables d’accompagner vos œuvres.

Tout ce que vous posterez construira votre image d’auteur.  Profitez-en !

Au boulot !
Eric

PS. Même si vous n’avez pas encore écrit votre livre, c’est AUJOURD’HUI qu’il faut construire votre image. Créez une page d’auteur (une page Facebook suffit, vous n’y mettrez rien de « personnel ») et collez-la en signature ou dans les champs proposés quand vous postez un commentaire.

Et si aujourd’hui vous osiez commencer par une Escalade asiatique ? C’est ici que ça se passe : http://www.ecrire-un-roman.com/articles/ma-plume-ma-muse-massage-en-asie/