sade

Bonjour à tous,

Cette fois-ci je vais vous présenter un livre un peu particulier. En effet, ce roman historique raconte la vie du Marquis de Sade, à qui nous devons le mot « sadisme ».

Jacques Ravenne est un homme aux casquettes multiples. Il est à la fois auteur, éditeur, scénariste et membre du collectif d’artistes « La ligue de l’imaginaire ». Il est aussi un spécialiste de critique génétique, pratique qui vise à étudier la genèse des œuvres littéraires, et a travaillé sur de nombreux manuscrits pour le CNRS. En tant que franc-maçon, il collabore à la revue « Franc-maçonnerie magazine ».

Cet ouvrage est paru en janvier 2014 chez Fleuve noir.

Pour quels lecteurs :

– Public adulte averti.

Certains passages sont très explicites et susceptibles de heurter la sensibilité de certaines personnes.

Cette œuvre, retrace l’histoire du Marquis de Sade de son enfance à sa mort. En parallèle, l’Histoire de France défile depuis le règne de Louis XV jusque l’Empire de Napoléon Bonaparte. On découvre ainsi son père, le Comte de Sade, un libertin franc-maçon désargenté.

Le petit Donatien est élevé en Provence, jouissant d’une liberté qui le marquera à jamais. Nous assistons à sa jeunesse et découvrons ses frasques plus démesurées les unes que les autres. La mise en page rappelle celle d’un journal intime et le choix du narrateur omniscient nous montre toutes les facettes de chacun des personnages. Le Marquis de Sade nous offre une vision bien particulière, à la fois des lieux que de son époque. Chaque endroit est d’abord décrit par ses odeurs, ce qui m’a tout de suite fait penser au célèbre roman de Patrick Süskind, Le Parfum. Cependant, sa posture d’observateur du monde qui l’entoure, nous révèle une peinture bien noire des hommes, quelle que soit leur classe sociale. Ces descriptions sont souvent faites en comparant Paris à la Province. Ce style nous fait comprendre qui était ce personnage et ce qui l’a influencé.

Chaque chapitre s’ouvre sur une citation de Sade. Celle qui m’a particulièrement marquée est : « Ce n’est pas ma façon de penser qui a fait mon malheur, mais celle des autres ». Je trouve qu’elle résume bien le personnage et sa façon de penser. Car le Marquis que l’on rencontre dans ce livre m’a donné l’impression d’être un homme hors de son temps qui assume avoir eu des idées trop avant-gardistes pour l’époque, lesquelles ont fait son malheur car les hommes de son temps n’étaient sans doute pas prêts à les considérer.

Son séjour à la Bastille est sans doute l’époque la plus marquante de sa vie car il va voir ce dont l’Homme est capable pour sa propre survie. Il tournera en ridicule la philosophie des Lumières et mettra à jour la mécanique du crime social. Il se rapproche, consciemment ou non, de la pensée de Hobbes (philosophe anglais du XVIIème siècle) en écrivant « l’homme est un couperet pour l’homme ». Petit à petit il décèle une vérité qui sera sa théorie du sadisme chez l’homme :

« L’homme aime faire le mal et c’est le Mal qui lui donne du Plaisir ».

Cependant, on ne peut réduire sa vie à celle d’un libertin de mœurs et de pensées. C’est également un auteur et un philosophe au succès grandissant doublé d’un metteur en scène ingénieux.

Au final, ces sept vies sonnent comme les sept péchés capitaux. Si ce livre nous donne une vision des six premières : libertin sous Louis XV, prisonnier sous Louis XVI, Politique sous la Révolution, écrivain sous le Directoire, fou sous l’Empire et homme aimé à la fin de sa vie, c’est à vous de découvrir la dernière.

Le verdict :

C’est une œuvre bien documentée, dotée d’annexes qui nous prouvent la véracité de son contenu et nous informent sur les personnages rencontrés au fil du récit ainsi que sur les lieux visités. Pour moi, ce n’est pas un simple roman historique, mais une biographie romancée et une bibliographie du Marquis doublée d’un guide touristique nous invitant à découvrir les lieux qui ont marqués sa vie. En refermant ce livre, j’ai eu la réelle sensation d’avoir lu l’ouvrage d’un passionné soucieux de rétablir la vérité sur une icône de l’Histoire de France qui attire bien des fantasmes.

Le langage d’époque m’a submergée complètement et m’a entraînée malgré moi à la découverte d’une époque que je ne pourrais connaître que sur le papier. Tour à tour, j’ai éprouvé de la peur, du dégoût, de l’attendrissement, de l’horreur. J’ai cru jusqu’au bout les belles paroles du Marquis, mais jamais je n’ai eu l’envie d’arrêter ma lecture.

Léona.

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