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Bonjour à tous,

Ce mois-ci, je me suis intéressée à un classique américain qui n’a pas pris une ride. Publié en 1960, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, constitue – avec sa suite – l’œuvre de Nelle Lee dite Harper Lee.

Née en 1926 à Monreoville en Alabama, elle fera un pari gagnant : arrêter ses études et tout recommencer à New York, sans diplômes, mais avec une ferme intention : devenir écrivain.

Dix ans plus tard, elle sortira son best-seller qui obtiendra le prix Pulitzer. Elle nous a quittés le 19 février 2016 et je voulais, par cette chronique, lui rendre hommage.

Pour quels lecteurs :

– Tout public ;

– Adeptes de la littérature engagée ;

– Observateurs de notre monde.

Durant les années 1930 à Maycomb en Alabama vivent Atticus Finch et ses deux enfants : Jeremy (Jem) et Jean-Louise (Scout). Avec leur ami Dill, ils sont à la fois terrifiés et fascinés par Boo Radley, un voisin reclus chez lui. Leur vie bascule le jour où leur père se retrouve commis d’office pour assurer la défense de Tom Robinson, un noir accusé de viol.

Avant de poursuivre, voici une petite devinette : Quel est le point commun entre un banal jeu d’enfants et une affaire criminelle ?

Pas facile, hein ?

Deux intrigues se mêlent, retraçant les circonstances qui ont conduites Jem à se casser le bras.

D’un côté, le trio intrépide tente d’élucider le mystère Boo Radley. Leurs peurs et fantasmes, nourris par la curiosité, affrontent l’autorité.

De l’autre, Jem et Scout sont soumis à l’épreuve. Pendant qu’Atticus plaide pour une cause désespérée, ils doivent garder la tête haute et avaler les remarques de la famille et camarades de classe comme des couleuvres.

Trois thèmatiques servent le récit :

L’Histoire Américaine, passage quasi obligé pour un classique et plus largement une œuvre appartenant à ce continent. Ici elle assoit la ville fictive de Maycomb et son comté, dans la réalité. En liant ses origines – dont celles des familles – à celles de l’Alabama, et des États-Unis, on comprend ce qu’est l’identité américaine. Faite de combats et d’affranchissements, elle se trace dans la lignée de grands hommes et pose les fondations du rêve américain.

Plus qu’un thème et un leitmotiv, l’oiseau moqueur est le concept central dont voici la définition :

« Les moqueurs ne font rien d’autre que de la musique pour notre plaisir. Ils ne viennent pas picorer dans les jardins des gens, ils ne font pas leurs nids dans les séchoirs à maïs, ils ne font que chanter pour nous de tout leur cœur. Voilà pourquoi c’est un péché de tuer un oiseau moqueur. »

Dans la vie, certaines nuisances ne s’éliminent pas avec des armes à feu, mais par l’ignorance. Priver ces gens de tout crédit revient à leur couper les ailes.

Le dernier engage une petite révolution pour l’époque. Elle s’attaque à la ségrégation et aux inégalités sociales. Justice partiale, absence d’éducation et lieu de culte bafoué. L’auteur jette ici un pavé dans la mare doublé d’une morale amère : les actions de masse prévalent sur celles d’un État ou comté.

Côté style, la narration à la première personne nous catapulte dans le corps de Scout. Petite fille garçon manqué que l’on voit grandir et s’épanouir au fil des chapitres. Son innocence fait d’elle un personnage aussi touchant qu’attachant, tandis que sa curiosité constitue le terreau idéal pour véhiculer les idées d’Harper Lee.

« Vous connaissez la vérité, et la vérité est que certains noirs mentent, certains noirs sont immoraux, certains noirs représentent un danger pour les femmes – noires ou blanches. Mais cette vérité s’applique au genre humain dans son ensemble, pas à une race en particulier. »

Le verdict :

Roman initiatique flirtant vers le polar et le thriller, il m’a captivé de la première à la dernière page. Si vous ne deviez lire qu’un classique américain dans toute votre vie, lisez celui-ci.

Publié seulement quatre ans avant le Civil Right Act (loi prohibant la discrimination raciale et sexuelle), il se place directement dans un sillage militant. Malheureusement, 57 ans après, malgré les efforts associatifs et politiques, ces problématiques subsistent.

Vous aurez sans doute remarqué ma tendance à rapporter la biographie des auteurs. Je le fais car leur vie permet d’expliquer et comprendre certains aspects de leurs œuvres. Ici, les similitudes entre réalité et fiction sont plus que troublantes. Alors autobiographie non, mais autofiction, sans doute.

Si vous tenez à prolonger le plaisir, il ne vous reste plus qu’à dévorer Va et poste une sentinelle. Écrit dans les années 1950, il aura fallu attendre jusqu’en 2015 pour suivre les nouvelles aventures de Jem, Scout et les autres, vingt ans plus tard.

La réponse était : le regard de l’autre. Il propage quantité de préjugés et se trouve à l’origine de toutes les formes de discriminations.

je recommande chaudement