Ah ! La grammaire…

Je vous avoue que je n’en garde pas des souvenirs émus.

Et ce n’est rien comparé à ce que subissent les élèves d’aujourd’hui, qui subissent les affres obscures d’une grammaire sèche et abstraite.

Bien sûr, l’étude est nécessaire, même si elle est aride parfois. Il faut apprendre car toutes ces choses pour beaucoup arbitraires, fructifient d’une riche tradition.

Intuitivement, le bambin se repère dans l’essaim des mots. Et avec l’aide bienveillante d’un adulte, à force de répétition, d’essais et d’erreurs, il dégrossit ses tournures.

L’école pose ensuite des fondations pour l’enfant, lui permettant de construire ses propres phrases, à l’ombre des plus beaux édifices de nos civilisations, érigés par les grands auteurs.

Plus tard, peut-être, l’analyse linguistique apportera un éclairage nouveau, intellectuel.

Mais pour aimer la grammaire et s’y épanouir, il y a sans doute un préalable : avoir goûté au plaisir d’écrire.

En effet, quand on écrit un roman, l’enjeu crucial est d’arriver à communiquer. Que le message transparaisse.

Dans ce but, le style et l’auteur s’effacent par une grammaire efficace.
Pour éviter les erreurs, d’abord.

Par exemple, si vous écrivez : « Il va mien. »

C’est une erreur, ça ne veut rien dire. Si vous ne la voyez pas, d’autres la verront… ils buteront, et surtout ils risqueront de ne pas comprendre ce que vous voulez dire !

Est-ce simplement une erreur d’orthographe au dernier mot ? Vouliez-vous dire « il va mieux » ou bien « Il va bien » ?

Ou encore est-ce une façon de dire « il va devenir mien » pour « il va m’appartenir » ? La plupart des lecteurs ne feront pas l’effort de deviner.
D’accord, cet exemple était un peu grossier. Trouvons plus délicat.

 

Que pensez-vous de cette phrase :

« Les soldats se rendirent au camp adverse. »

La phrase est correcte, il n’y a pas d’erreur.

Mais, mais, mais !

Les plus alertes auront remarqué la terrible ambiguïté du verbe « se rendre » : les soldats se sont-ils seulement déplacés dans le camp adverse ou ont-ils capitulé, déposé les armes ?

L’auteur qui ne maîtrise pas le sens de ses phrases est comme un bûcheron qu’on appelle pour une opération chirurgicale.

Toute la difficulté est de reconnaître qu’on ne sait pas assez: un biais cognitif entraîne un excès de confiance alors qu’on manque justement de compétence. Les moins qualifiés n’ont pas les moyens de jauger tout ce qu’ils ne savent pas.

C’est le fameux effet Dunning-Kruger, du nom des deux chercheurs qui ont testé des étudiants de psychologie : ces derniers devaient non seulement résoudre des problèmes logiques, de raisonnement, de grammaire, tester leur humour… mais surtout prédire leur classement dans le groupe.

Résultat : les étudiants les plus faibles se sont largement surévalués, contrairement aux meilleurs.

Le phénomène se retrouve partout.

Et ce n’est pas nouveau !

Déjà cinq siècles avant Jésus Christ, Socrate, père de la philosophie, disait : « ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »

Et ce n’était pas un effet de style !

Plus on sait, plus on est humble devant ce savoir, car on se rend compte un peu mieux que ce n’est pas grand-chose.

Alors, où que vous en soyez, débutant, expérimenté ou maître de votre art, voici un chemin sûr, une disposition à chérir : faites comme les grands, soyez humble dans votre écriture.

D’abord, travaillez votre structure, améliorez votre narration, mûrissez votre style comme si vous aviez tout à redécouvrir.

Si un jour vous êtes satisfait de votre œuvre, réjouissez-vous, bien sûr, d’avoir réussi. Mais aussitôt souvenez-vous que si vous êtes meilleur que d’autres, d’autres encore culminent bien plus haut sous le firmament et qu’ils sont dans votre zone aveugle.

Alors, fréquentez les grands auteurs, apprenez-les par cœur, apprivoisez leur langue pour mieux les suivre.

 

En parlant d’humilité… s’il y a une chose qui nous rappelle notre finitude, c’est bien… notre propre mort !

On la cache si souvent aujourd’hui ; on voudrait même la faire disparaître à jamais. Et pourtant cette contrainte implacable nous concentre, nous rappelle au présent à vivre.

Puissiez-vous transformer chaque seconde en joie.

Et si votre écriture vous y aidait ?

Allez faire un tour du côté de Ma Plume Ma Muse ! Vous comprendrez pourquoi… 😉

Cliquez ici : http://www.ecrire-un-roman.com/articles/ma-plume-ma-muse…t-pouvait-parler/

 

Au boulot !

Eric

PS. Christine et Léona, des Éditions de la Reine, et votre humble serviteur sommes en train de régler les derniers détails d’un gros projet. Nous allons lancer une plateforme d’écriture. Ceux qui ont déjà suivi Ecrire & Fasciner savent de quoi je parle, ils ont déjà eu la première formation qui sera lancée d’ici une semaine ou deux sur un site dédié. D’autres formations suivront.

La pression moooonte !