contre-nature

Bonjour à tous,

Ce mois-ci, j’ai ressorti ma panoplie de détective pour tenter de résoudre le mystère de l’empreinte digitale. À sa sortie, ce détail a beaucoup fait parler de lui. Il faut dire que pour son premier roman, Amélie Preve ou Lilou pour les intimes, ne fait pas dans la dentelle.

Pour quels lecteurs :

– Ados-adultes ;

– Les néophytes comme les inconditionnels du genre.

À Londres, Rachel savoure à peine sa vie de jeune mariée et future maman que Peter, son époux, disparaît brusquement. Alors que l’enquête piétine, Rachel se lance à la poursuite de ses ravisseurs. Elle n’imagine pas encore qu’elle va devoir surmonter un véritable cauchemar et affronter les fantômes de son douloureux passé.

Si vous avez ingurgité l’intégral d’Agatha Christie avec un affreux sentiment de déjà-vu, je vous arrête de suite. Sa règle fétiche voulant que le coupable soit l’unique personne hors de tout soupçon, mais qu’Hercule Poirot finit par démasquer grâce à des indices anecdotiques révélés à la fin, ne s’applique pas ici. L’auteure innove pour le plus grand plaisir de nos « petites cellules grises ».

Côté thèmes, deux mastodontes se partagent le podium en se servant mutuellement.

Omniprésente à tous les niveaux, la douleur, fait partie intégrante de la vie du couple. Elle incarne deux fonctions primordiales dont l’intérêt s’avère crucial dans ce genre. Elle sert de moteur à l’enchaînement des péripéties et instaure un sentiment emphatique, voire sympathique*, envers les protagonistes. Si l’horreur semble ne pas avoir de limites, je salue le dosage de la romancière qui a su éviter le trash.

Pour ces deux écorchés vifs, la famille devient le symbole d’un nouveau départ. Sans fermer la porte du passé, mais en sachant faire preuve de résilience. Le schéma familial, est étudié pour correspondre à deux procédés (le parallélisme et la duplication générationnelle) et contribue à forger la structure du roman : la mise en abîme.

Le style, résolument moderne, offre des descriptions aussi concises que précises. Le narrateur externe omniscient garantit une immersion au cœur du caractère et de l’identité de chacun. De ce fait, leurs pensées profondes, retranscrites en italique, tombent à point nommé et concentrent l’essence du personnage.

L’œuvre se décompose en trois grandes parties accompagnées d’une maxime. Focalisées autour du schéma, ô combien évocateur, de l’oiseau et de sa cage. Voici la première, histoire de vous mettre dans l’ambiance :

« Le bonheur est éphémère. Tel un oiseau, il s’envole lorsque vous l’approchez et, dans un bruissement d’ailes, il disparaît à jamais. »

Il y aurait bien d’autres choses à dire, mais je ne veux pas risquer de vous gâcher le suspense.

Le verdict

Si ce thriller policier fait la part belle aux clichés, il s’en donne à cœur joie pour leur tordre le cou. Résultat d’un mélange au dosage astucieux. Sa concision et son rythme haletant font défiler les pages en un clin d’œil.

Le doute n’épargne personne. Il maintient le lecteur en haleine jusqu’au dénouement. Amené progressivement, il profite que la tension et le suspense atteignent leur paroxysme pour garantir l’effet de surprise.

Comme de nombreuses personnes, j’ai essayé de démasquer le coupable avant l’inspecteur, mais il a été plus habile que moi.

Un excellent premier ouvrage qui, je l’espère sera à l’image de la carrière d’Amélie Preve. Ne le ratez surtout pas ! Quant à moi, je la suivrai de près.

*Il convient de dissocier l’empathie de la sympathie. Le premier désigne le fait de comprendre les sentiments, émotions, croyances d’une personne, tandis que le second exprime un penchant à partager les joies, peines et souffrances d’autrui.

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