ville orpheline

Bonjour à tous,

Puisque la chaleur se fait désirer, à nous de partir en quête des plages de sable chaud.

Paru en 2015 aux éditions Les Escales, La ville orpheline, de Victoria Hislop offre ce qu’il faut de dépaysement pour vous permettre de passer d’agréables moments, les doigts de pied en éventail.

Pour quels lecteurs :

– Tout public ;

– Adeptes de la lecture farniente ;

– Personnes souhaitant retranscrire la couleur locale.

Chypre, l’été 1972. La ville de Famagouste héberge la station balnéaire la plus prisée de la Méditerranée. Rayonnante et bénie des dieux, les chypriotes grecs et turcs y vivent en parfaite harmonie. Les époux Papacosta ouvrent Le Sunrise, leur second hôtel dont le luxe éclipse tous les autres. En coulisse, la Grèce et la Turquie se disputent son annexion. 1974, une tentative de putsch grec les fait basculer dans le chaos. Les turcs ripostent par une invasion. Quarante mille personnes fuient l’armée en marche. Les gouvernements semblent les avoir abandonnés.

C’est dans ce contexte que nos protagonistes émergent : Les familles Georgiou et Ӧzkan. Voisins issus des deux camps adverses, ils tentent de survivre, ensemble.

Tout au long du roman, nous suivons leur vie dont le trait d’union n’est autre que le très fortuné couple Papacosta. Savvas emploie un fils de chaque famille (Markos et Hüseyin) tandis que sa femme, Aphroditi, passe son temps entre mondanités et préparatifs au salon de coiffure tenu par Emine Ӧzkan.

Aubaine immobilière ou source de discorde entre les peuples. À leur manière, chacun donne sa version des répercussions causées par le conflit. Leur combat témoigne d’une grande solidarité dépassant la frontière ethnique. Au passé ambitieux se juxtapose progressivement l’image des ruines et de la faim.

Avant d’en entamer la lecture, vous passerez par une carte et une chronologie encadrant la période de 1878 à 1971. Celle-ci a pour but de replacer l’intrigue dans son contexte historico-politique et d’aider à comprendre certains termes. Succincte, elle ne vous assommera pas. Vous n’aurez pas à y revenir puisque les personnages se chargent de tout, au fur et à mesure.

À tour de rôle, la narration nous plonge dans l’intimité de chacun d’eux. S’imprégner de leurs coutumes et langage permet de retranscrire la couleur locale. Plusieurs mots et expressions, traduites ou non, ponctuent cette œuvre. Elle offre un voyage poignant et typique où tous nos sens sont happés.

Vous aurez sans doute remarqué qu’un prénom sort du lot : Aphroditi. Allusion qui tombe à pic, puisque la légende voudrait que la déesse soit née sur les rivages de l’île. Cependant, elle n’incarne ni l’amour ni la fécondité, mais le faste et la beauté.

Le verdict :

Victoria Hislop met en lumière les zones d’ombre d’un conflit si récent qu’il fait écho à celui qui secoue le monde actuellement.

Depuis quarante ans, la nouvelle cité, Varosha, demeure vide derrière les barbelés érigés par l’armée turque. C’est une ville fantôme surnommée « La belle au bois dormant de Chypre ».

Je me suis facilement attachée aux personnages. Ils transmettent tant d’émotions qu’on ne peut qu’avoir envie de les voir s’en sortir, et l’île avec.

Très bien documenté, ce roman est une énorme leçon d’humanité, plus que de morale. Il est si prenant que j’ai eu l’impression d’y être, de vivre les réceptions mondaines et les bombardements.

Si vous n’avez pas la chance de partir cet été, il vous offrira un voyage unique. Pour les autres, je vous recommande sa lecture à la plage, immersion complète garantie !

Au passage, je tiens à vous rappeler que l’abus de soleil est dangereux pour la santé. À consommer avec parasol et crème solaire !

je recommande chaudement