— Gaëlle, vite, nous sommes en retard !
— La honte vis-à-vis des scribouillards…
— Ils vont nous en vouloir à mort.
— M’en parle pas ! J’ai des remords.
— Tant pis pour les vacances.
— Elles annoncent des remontrances.
— Déjà une semaine…
— Plume et Muse bronzent. Et nous, on peine.
— Ceci dit, le jeu du jour va inspirer nos amis.
— Explique leur, vas-y !
— Sur les plages d’Océanie, Plume et Muse se disputent.
— La stichomythie cogne comme un uppercut.
— Qui l’emportera ?
— Certainement pas moi…
— Tu crois qu’ils auront compris, Magali ?
— Une petite recherche ne leur fera pas de mal…
— J’adore les stichomythies et l’Océanie !
— Rien de mieux pour se dépayser et dérouler une joute verbale !
– Rien à l’horizon. Y’a pas un bateau qui passe.
– j’ai les crocs, qu’est-ce qu’on fait, on cueille, on pèche, on chasse ?
– ça fait combien de temps, là ? Des mois, des années ?
– j’ai pas essayé de compter, aucune idée…
– on a appris des trucs, comment se débrouiller…
– se nourrir, se laver, la jungle et ses dangers…
– mais j’ai envie de civilisation ! D’une vraie vie !
– d’un toit, d’un lit, d’un frigo, d’un accès wifi !
– On descend ? Cette solitude me fout le bourdon.
– On reviendra demain surveiller l’horizon.
– Tu sais ce qui me manque aussi : ma femme, mes gosses.
– Moi aussi, ils doivent avoir grandi, c’est atroce…
– Sans doute qu’ils se soutiennent. Ils sont seuls mais ensemble
– Quand je pense à eux, à leur calvaire, j’en tremble.
– Faut pas se démoraliser, on a à faire…
– …pour survivre à ce paradis, à cet enfer !
– Ô pesante solitude ! Je suis si seul. J’enrage.
– Oui, si seul, unique survivant de ce naufrage.
(après une dispute)
Nous faisions route vers Pulu, petite plage d’Océanie.
Depuis une heure il ne parlait plus, pas de la meilleure compagnie.
Au volant c’était une vraie tombe, très concentré.
Même si la passagère était une bombe, pas moyen de le dérider.
Lisant mon guide :
— Tu as vu la ville de Pulu ?
— Mulu ?
—Pulu !
—Palu ?
—Pu – lu !
—Pas vue !
— C’etait sur la droite après Mala !
— Tu dis où ça ?
— Après Mala !
— Quoi, par là ?
— Non, par là, Mala !
— Ahhh ! Lama ?
— MA – LA !
— Ah oui voilà !
— Tu l’as vu ?
— Pas plus que Palu !
— Pulu !
— Bref je sais plus !
— Quand il y a une ville tu ne regardes jamais ?
— J’aurai du mal on l’a dépassé !
— Oui mais avant !
— En roulant ?
— Oui, juste furtivement !
— Non pas vraiment !
— Vraiment rien ne t’interresse ?
— Pas quand je roule à pleine vitesse !
— Oui mais là il n’y a pas foule !
— Oui mais même, pas quand je roule !
— Et manger, je peux ?
— Ca si tu veux.
— Ok. T’en veux ?
— Sérieux ?
— Abricot du jardin , y a pas mieux .
— Nan merci !
— T’aimes pas les fruit ?
— Si !
— Mais pas quand tu conduis ?
— T’as tout compris.
— Plus que tu n’en as dis !
Bravo, Joël ! Voilà un dialogue qui ne manque pas d’humour ! Jolie Stichomythie. J’ai bien ri. Merci !
Je me lance…
― Ce n’est pas juste, c’est moi qui aurais dû partir.
― Que veux-tu, je ne vais pas me dédire !
― J’en rêvais, de cette Océanie !
― Je n’y peux rien si c’est à moi qu’ils ont dit oui.
― Il n’empêche que je t’en veux.
― La prochaine fois tu feras mieux.
―Il n’y aura pas de prochaine fois.
― Comme tu veux, c’est toi qui vois.
― Je n’ai plus qu’à te tuer.
― Et me voler mon identité ?
― Ne me tente pas…
― Ahah ! la belle idée que voilà !
Pas mal du tout, Anne ! Merci !