Ma Plume fait grise mine et Ma Muse soupire. Gaëlle et Magali n’ont pas non plus le cœur à rire. Elles se souviennent de ce qu’il s’est passé. Elles n’ont pas envie d’en parler, elles écriront peut-être plus tard. L’une contre l’autre, elles se tiennent la main pour manifester leur présence. En silence, elles se recueillent. Les mots ne viennent pas facilement et, pourtant, il leur semble important, voire nécessaire, de partager, d’échanger, de se remémorer, de rendre hommage.
C’est une chronique un peu différente, aujourd’hui. Pas de dialogue. Pas de blagues. Ce n’est pas qu’il faille arrêter de rire, bien au contraire, mais, aujourd’hui, nous voudrions que vous vous rappeliez des évènements d’il y a un an, du 7 au 13 janvier 2015, ou d’il y a seulement quelques semaines, le 13 novembre 2015, et que vous nous racontiez, avec vos mots, votre sensibilité, sans artifice, sans contraintes, ce que vous avez fait, ce que vous avez ressenti. Comment avez-vous vécu ces images qui tournaient en boucle à la télévision, à ces larmes qu’on entendait dans la voix des gens et dans votre gorge, peut-être ? Que s’est-il passé pour vous, vos proches ?
Nous vous invitons à témoigner pour pouvoir, ensuite, mieux penser aux choses simples qui nous rendent heureux, négliger les détails et les sombres idées qui nous viennent parfois. Propageons ensemble un message d’espoir, de solidarité et de sincérité.
Merci à vous et à Nathalie qui nous a inspiré ce projet, il y a environ un an de cela.
Il y a quelques années « Le nouvelle observateur » publiait un numéro hors série dans lequel des écrivains racontaient une journée dans le monde à la même date. Un exercice que j’ai trouvé très intéressant et qui ma foi pourrait l`être tout autant si nous en étions les auteurs. Je crois bien que les possibilités sont multiples et qui sait peut-être même l’amorce de quelque chose d’encore plus grand.
Nathalie B., 1 février 2015.
C’est un exercice particulier et dur.Non pas de part les consignes, mais par ce qu’elles impliquent: une mise à nu, sans artifices.
A mon tour, je vais vous raconter comment j’ai vécu les derniers événements.
Ce jour là était un jour ordinaire pour moi. Je bossais. J’étais du matin dans une Maison d’Accueil Spécialisée auprès de personnes polyhandicapées. Dans mon environnement de travail, le rire permet de palier aux souffrances des uns et des autres. La notre comme celle des résidents.
Le repas du midi a été chamboulé.
D’habitude c’était une mécanique bien rodée, mais ce jour-là, un rouage s’est grippé. Je ne me souviens plus comment. Peut-être une collègue du pavillon d’à côté ou un SMS, mais on s’est tous déserté la table pour la télé.
L’attentat tant redouté avait eu lieu.
On a suivi l’édition spéciale et ses infos au compte-goutte. Mais il ne fallait pas en oublier la vie en institution. Les changes nous attendait. On s’est relayé pour suivre le fil de l’info en continu.
Depuis quelques temps les jihadistes avaient prévenus qu’ils attaqueraient Paris et je me tenais sur le qui-vive en permanence. Passagère de la ligne Compiègne Paris Nord, je savais que celle-ci pourrait être ciblée.
Pour moi, cet attentat n’était pas une simple action ciblée, mais une tuerie de plus dans une longue suite d’événements prévisibles.
À quai, je faisait plus que jamais attention à mes sacs, je ne tenais pas à servir de mule ou de kamikaze à mon insu. Le trajet du retour ce jour-là m’a semblé plus long que d’habitude. Derrière mon livre, un qui-vive permanent. Hors de question de dormir sur mon siège. À conditions exceptionnelles, mesures exceptionnelles.
Je savais que ma famille et mon homme s’en feraient pour moi. Alors je devais rentrer et leur téléphoner dès que possible.
Les jours suivants. Il y eut des infos au compte-goutte. On savait qui et pourquoi, mais pas où. Malheureusement, ça se rapprochait de chez moi.
J’étais en formation lorsqu’on a apprit que les terroristes en fuite était à Villers Cotterêt, à quelques dizaines de kilomètres. En cours on était sur les dents. On a tous fait la minute de silence et suivi le fil de l’actualité par le biais des smartphones. Notre centre de formation étant presque perdu dans la campagne, le réseau passait mal. Certains se débrouillait mieux que d’autres. Ceux qui devaient rentrer vers Villers n’étaient pas rassuré, personne ne l’était vraiment.
Ce qui me foutait le plus la trouille était la réaction des gens, de citoyens comme vous et moi. Mais je suppose qu’il y a des choses qu’on évite difficilement. Dans des périodes comme celles-ci, l’amalgame devient trop tenant et la rancœur trop longtemps refoulée prend vite le pas sur la raison.
Doucement, tout le monde à continué sa vie, oubliant qu’on était en guerre, depuis longtemps en fait, sans que rien ne fut jamais officialisé. Le 14 juillet, je n’ai pas voulu regarder le défilé. Je redoutais l’attaque kamikaze en direct. Heureusement, il n’y a rien eu. En fait c’était passé de mode. C’est triste à dire, mais vrai.
Et puis il y a eu le 11 janvier, la triple attaque organisée et la marche blanche. Là aussi j’ai eu peur, encore une occasion parfaite de faire des milliers de morts. Je me souviens avoir ri lorsque le Président avait déclaré que la France entrait en guerre contre Daech.
Ils n’avaient rien comprit. Ils regardaient une série d’événements sans penser à tous les assembler. Depuis le 11 septembre, et avant même, la guerre avait démarré. Une guerre discrète contre des ennemis invisibles et organisés. Mobilisable à tout moment et présent partout. Une véritable armée dont aucun pays ne dispose à part nos ennemis.
Bonjour !
Très bonne idée que cet exercice » hommage » ! J’ai hésité car on ne peut pas éviter la politique, étaler sa colère !
Des enfants de France, des amis venant d’ailleurs, d’autres pays ont été massacrés, assassinés, tués où blessés, blessés
pour la vie et handicapés ! Pour eux et leurs familles, leurs amis, la vie s’est arrêté à ce terrible moment !
Par des individus se réclamant de l’Islam !
Qui pourrait devenir la religion de l’ infâme !
Restons unis, ces fous d’Allah ont perdu leurs vies !
Perdus la raison, ont crus leurs maitres débiles !
Voyous, retardés, fous islamistes et imbéciles !
On croyait que l’Islam était une religion respectable !
Quelle déception !!!
Hommage et colère !
Le monde entier est effaré !
On a tous rendu un hommage !
A ces jeunes gens assassinés !
Tous les français ont eu la rage !
Tuer des innocents! encore tuer !
Avec ce cri ! Allah akbar !!!
La terreur à éradiquer !
Mais avec beaucoup de retard !
Il ne faut plus tergiverser !
Défaitistes ne soyons pas !
Des hommes nous sortirons de là !
La France, notre France restera !
Et toujours la même elle sera !
Aujourd’hui elle est attaquée !
Comme jadis soyons des guerriers !
Car personne ne doit y toucher !
Pour nos ancêtres,pour nos enfants !
Gardons racines tout en restant ,
Ouverts, confiants aux étrangers !
Ceux qui veulent bien si intégrer !
Gardons grande majorité !
Respectons les minorités !
Restons le pays de toujours !
Près de 20 siècles jusqu’à ce jour !
Pays de la modernité !
Aidons pays pauvres à s’équiper !
Afin que leurs peuples vivent heureux !
Deviennent amis, non ennemis !
Union de l’Europe pour faire mieux !
Avec France merveilleux pays !
Phare, éclairant de sa culture ,
De ses châteaux, de sa nature,
Ses églises, cathédrales et musées !
Son idéal, son style, ses inventions !
Personne ne peut imaginer !
Venant d’ailleurs et imposer !
Son mode de vie, sa religion !
Mais de son hôte doit respecter !
Notre histoire et surtout notre laïcité !
Sombres attaques
Un jour comme un autre pour moi,
À ne rien faire, juste à croiser les bras,
J’espérais de la violence une accalmie,
Dans ce monde si compromis.
Mais mon espoir fut vain,
Un attentat survint.
Ce jour-ci, dès le réveil,
Ma petite vie
Réglée comme une horloge très vieille,
Fut bouleversée à nouveau,
Par ces sombres bourreaux.
Je vis à la télé
Paris être attaqué.
J’avais peu de choses à faire chez moi,
Si ce n’était des futilités,
Comparé à tout ça.
Je suivis donc le déroulement,
De la suite des événements,
Pour me tenir informée,
Dans la durée.
Je me souviens m’être dit,
Que j’aurais voulu être présente là-bas, moi aussi.
Ancienne âme de Paris,
J’aurais souhaité apporter mon aide au moins,
Maigre contribution, du moins,
Envers ces pauvres gens apeurés.
Mais, à mon grand désarroi,
Je me trouvais loin de là.
De ces âmes prisonnières,
De Charlie Hebdo,
De Dammartin,
Ou de l’Hyper Cacher.
Une semaine entière,
Plongée dans un climat de guerre,
À me dire, pauvres artistes, pauvres gens,
Pauvres gamins, pauvres anciens
Qui n’ont pas affaire, à de vrais humains.
Car, qui dit humain, dit aussi humanité,
Or cette dernière s’est depuis longtemps dessoudée,
De l’esprit étriqué,
Des responsables de ce carnage.
Le terrorisme est un courant,
De rabais, d’abandon de soi abâtardissant.
Quand s’en rendront-ils compte,
Ses minables jeunes aux cerveaux bien huilés par des contes ?
Sur eux, là-haut, ne pèsera simplement que la honte.
Malheureusement, nos larmes,
s’avèrent si peu efficaces contre leurs armes.
Mais revenons-en à toutes les victimes,
Mortes sous des balles assassines,
Sans parler de leurs proches,
Désormais esseulés,
Je leur adresse toutes mes plus sincères pensées.
Je souhaite leur père, leur femme, leur frère, leurs enfants,
Désormais en paix.
N’ayant pas pu me rendre sur les lieux,
Choquée, je n’ai pu que pleurer et rien faire de mieux,
pour eux.
J’aurais tellement voulu leur être utile,
Au lieu de ça, mon impuissance m’obnubile.
Le monde est en guerre,
Planète bafouée,
Il y a déjà le climat,
Planète malade,
Mais en plus, il y a ces fous-là,
Incontournables êtres !
Sévissant à la dérobade !
Le mot est faible,
Mais plus grande est la force de conviction.
De l’humanité au moins, je peux me revendiquer maillon.
Tandis qu’eux dans cette chaîne,
Ne sont que rouille et abrasion.
Une grande pensée pour finir à tous ceux,
Qui malgré tout,
Malgré ce cercle vicieux,
Tiennent bon,
Où qu’ils soient.
J’aimerais qu’ils gardent espoir,
Qu’ils continuent d’y croire,
Malgré leur peine et leurs souffrances,
Malgré la haine et les errances,
De ce monde !
Restons unis,
Car ensemble, nous vaincrons !
Bonsoir,
Je ne sais pas s’il y avait une date pour commenter.
Toutefois, j’ai envie de participer.
Donc, le 7 Janvier 2014, qu’étais-je en train de faire?
Je m’en rappelle très bien, ce fut une de ces journées qui se gravent d’elles-mêmes dans votre mémoire.
Aujourd’hui infirmière, j’étais à ce moment-là en stage, le dernier de ma formation. En service de psychiatrie. Et quand je dis psychiatrie, je vous parle de la folie à l’état le plus pur. Je n’évoque pas une dépression, je parle de schizophrénie, de ces personnes perdues dans les recoins les plus ombres de leur esprit, enfermées pour toujours dans les méandres de leur propre cerveau.
Et pourtant, nous, personnes normales, qui les croyons à mille lieues de nos préoccupations; sachez que ce sont des êtres d’une sensibilité merveilleuse, d’une créativité sans limites mais aussi d’une intelligence effrayante.
Le 7 Janvier 2014, vers 11h du matin, je me suis rendue à mon vestiaire. Accroc à mes adorés réseaux sociaux, j’avais besoin de ma dose.
Je n’ai pas été déçue, loin de là. Ah ça, de l’excitation et du scoop j’en ai eu, immédiatement suivi par l’horreur.
Le premier statut qui m’a mis la puce à l’oreille venait de Mathieu. Un simple « Je suis Charlie ». Assez mystérieux pour que je me questionne. Puis il y a eu tous ces commentaire de haine, d’incitation à la violence, la colère et les représailles. Il y avait bien une vidéo mais le temps me rattrapait, je devais retourner avec l’équipe.
L’heure suivante fut très étrange. Je peux affirmer que j’étais la seule personne du pavillon au courant des tragiques évènements. Je voulais en parler, le partager mais comment annoncer une telle chose? Et comment cette annonce serait-elle perçue?
Le terme attentat est si fort.
Je n’ai pas eu besoin de me poser la question très longtemps.
Quelques minutes avant midi, une jeune femme que nous avions comme patiente a déboulé comme une furie dans le poste de soins, en pleurs et a hurlé : »Mon Dieu, Charb est mort !!! Vous rendez vous compte!! Il est mort! C’était un de mes idoles !! J’ai commencé le dessin grâce à lui! Il est mort !!! Mais bordel !!! Vous m’entendez??? Il est mort !!! ».
Elle s’est effondrée devant un groupe de soignants totalement surpris. Une infirmière a commencé à parler, pour la rassurer et c’est là que j’ai décidé de parler. J’ai confirmé les faits, indiqué le lieu de la fusillade. Je peux garantir, qu’à ce jour, je n’ai jamais vu autant de personnes sortir un smartphone de sa poche en même temps afin de vérifier cette information qui semblait irréelle.
Malgré tout, il nous restait une urgence. Comment notre patiente avait été mise au courant? Pas de téléphone, pas d’accès internet, comment savait-elle. J’ai su la première… La télévision.
Et oui, en institution, c’est malheureusement leur seule distraction. Le poste principal, près de la salle à manger, tournait en boucle sur BFM TV. J’ai fait se disperser les patients et éteint la télévision.
L’un d’eux est resté avec moi et m’a dit la chose suivante : »Vous savez, nous gagnerons ce combat. Et c’est normal qu’ils soient morts, personne ne peut se moquer du prophète. J’espère qu’ils en seront pas attrapés. Ces soi-disants artistes ont bien mérités ce qui leur est arrivé. »
Ses paroles ne m’ont en rien offensées; mais le regard qu’il avait m’a fait frissonner.
La semaine qui a suivi s’est déroulé comme dans un rêve. Je suis allée défiler.
Pour le 13 Novembre, j’arrivais à la fin d’une semaine épuisante de travail. Mon copain m’a mis au courant des évènements, mais submergée de fatigue je n’ai pas pris conscience de l’ampleur de la chose.
Ce n’est que le lendemain, après avoir rassuré plusieurs amis et membres de la famille, que je me suis rendue compte que cette fois nous étions réellement en guerre.
Le dimanche qui a suivi les évènements, comme tous les dimanches, mon fiston nous a téléphoné à nous ses parents, pour prendre de nos nouvelles. Assez rapidement, il m’a demandée si j’étais au courant des massacres perpétrés dans les rues de Paris et dans la salle du Bataclan.
« C’est quoi ces gens ? Dans quel monde on vit ? … »
Je n’oublierai jamais le son de sa voix sourde, éteinte, puis le silence qui a suivi.
Je revois l’image triste que j’imaginais de lui, à son domicile, près de son amie.
J’ai senti l’impact que ces tueries avaient eu sur lui, sur sa joie de vivre.
Lui, le pacifiste qui aime la vie même si parfois elle l’a obligée à se battre pour obtenir ses droits ou un travail à la mesure de se ambitions.
Mon petit gars, l’espace d’un instant restait sans voix devant l’innommable !
Où étais-je à l’heure où on assassinait la jeune fille qui allait, légère et court-vêtue, au hasard des rues ?
Au moment où on massacrait un air d’accordéon sous les arbres de la place ?
A quoi étais-je occupé à l’instant où on fauchait à l’arme lourde, dans la même minute et sans coup férir : la douceur, l’humour et la clairvoyance ? Prouvant par-là la supériorité de la mitraillette sur l’humanité, la grâce et le talent.
Par quoi étais-je accaparé alors que des bouches de feu vomissaient leur plein d’acier sur des enfants innocents, comme on est innocent quand on a 18 ans aux soirs d’été remplis de douceur et de chants d’oiseaux.
Que faisais-je au temps mauvais où on a voulu abattre la liberté de douter, de rire, de manger et de boire sans chaînes et sans devoirs ? De même que le choix d’aimer et d’étreindre celle ou celui que l’on a choisi et qui, à son tour, vous a choisi.
Quelles étaient mes pensées lorsque, faute de pire, les assassins se sont mués en assassinés, si fort étant leur appétit de violence ?
Questions sans réponse, aucun souvenir n’a résisté au cauchemar de ces journées, seule persiste cette sensation de grand vide au milieu de soi.
A la nouvelle de la mort de la soeur d’une amie,
ce ne sont pas des mots mais des larmes
et un effroyable silence qui ont surgit.
Et après ? Ce que j’ai fait ?
J’ai souhaité leur mort. Leur mort à tous.
Après quelques jours,
j’ai soudain revu dans mon esprit la fin de ce film,
ce vieillard mourant qui murmurait à son petit fils:
« Ne t’en fais pas, on les tuera tous. »
Et j’ai bien du m’asseoir pendant.. quelques heures,
honteux, perdu, à essayer de comprendre pourquoi.
Comment en sommes nous arrivé la.
Tout cela n’a aucun sens.
Ce n’était à la base… qu’un livre, une histoire…
regardez ce que l’homme en a fait…
Nous nous menons aveuglement à notre perte,
en nous manipulant les un les autres,
en nous entre-tuant sous de faux prétextes,
A cette instant précis, j’ai perdu ma fois en l’homme…
Enfants sans enfance soumis leur vie durant à un d’attentat qui lorsqu’il s’arrête est la fin de leurs jours misérables.
Tous leurs jours sont un 11 septembre, un 7 janvier ou un 13 novembre.
Ne pleurez pas ces enfants massacrés mais à peine vivants dont on profite en Occident en faisant « du shopping » qui nous arrange bien.
Ces enfants d’hier sont-ils devenus les tueurs d’aujourd’hui?