— Salut, Mag’ ! Quoi de neuf en cette belle journée ?
— Bonjour, Gaëlle ! Que te dire… Aujourd’hui, je ne vois que du vieux.
— Ne me dis pas que la fin de l’automne te déprime à ce point !
— Non. Du vieux, je veux dire des personnes âgées.
— Qui ?
— C’était ma visite au club de l’âge d’or et j’y ai vu Céline, ma grand-tante.
— Tu ne m’en as jamais parlé.
— Une femme admirable, passionnante, jeune dans sa tête, mais avec des cheveux blancs, des rides, un dentier et plus de souvenirs que d’avenir.
— Une réalité pour bien d’autres personnes qui ont dépassé l’âge de la carte vermeille.
— Attention à ce que tu dis, certains de nos scribouillards pourraient se vexer. Soixante ans, ce n’est pas si vieux ! Céline aura bientôt soixante-dix-sept ans.
— Oups ! Au temps pour moi.
— Bref, je suis triste de voir qu’elle perd un peu la tête, par moment. Pas juste des oublis, parfois elle s’exprime de manière confuse. Et qu’est-ce qu’elle ressasse !
— Tu as une photo ?
— Oui, elle est là. J’adore cette image d’elle. Ça lui ressemble vraiment.
— Cela me donne une idée.
— Raconte !
— Chers scribouillards, pour ce jeu, vous élaborerez un texte autour de la personne âgée, en vous inspirant de la photo de Céline.
— Je suis sûre qu’elle sera ravie de lire vos créations. Excellente idée, Gaëlle ! Merci !
— On compte sur vous !
— Elle te reconnaît quand tu vas la voir ?
— Oui, quand même ! Elle n’est pas aussi sénile que ça.
— Pardon.
— Je te la présenterai à l’occasion, elle a des choses à raconter et elle peut être passionnante… quand c’est la première fois qu’on l’entend raconter ses anecdotes, tout du moins !
— J’en serai ravie ! Merci, Magali.
Des années étaient passées, des journées gâchées à ressasser le temps où j’étais encore amusée.
Le regard de mon pauvre chien mourant, venait de bouleverser mon esprit de « veille » femme que j’étais devenue.
J’en avais vu des proches mourir autour de moi depuis toutes ces années… Mais jamais je ne m’étais vue à la place de l’un d’entre eux. Je pensais être immortel, mais en réalité, j’étais déjà morte depuis 10ans. Morte depuis que je ne sortais plus. Morte depuis que tous les jours, je répétais les même choses… Nettoyer cette belle maison, devenue si froide et sombre. Allumer cette télévision qui devait me distraire, mais qui en réalité était le symbole de mon ennui. Préparer ces soupes sans âmes remplies de légumes que je ne cultivait même plus. Faute de temps disais-je à l’époque. Faute de temps dirai-je plus tard lorsque je me serai éteinte avec l’amertume d’une fin de vie gâchée.
Il était temps pour moi de vivre à nouveau ! Je ne demandais rien d’extraordinaire. Simplement d’apprécier ma propre présence et de sentir le vent caresser ces nouveaux traits installés sur mon visages. C’était de toute façon mieux que l’haleine de Georges.
En cette douce journée de printemps, je me préparais à envoyer cet avion en papier me chercher, pour le temps qu’il me reste à VIVRE, cet instinct d’enfant que j’avais perdu.
Pourtant lourd d’espoir, l’origami s’envola loin, porté par l’aérodynamisme de mon envie.
Céline attendait ce moment avec la plus grande impatience. Son petit fils Johnny devait venir la voir comme tous les dimanches. Aujourd’hui grâce au beau temps elle avait décidé d’aller à la plage.
Sur la dune, la légère brise caressait les quelques cheveux rebelles qui n’avait pas pu être maitriser par son savant chignon. Johnny lui donnait sagement la main, même s’il n’avait qu’une seule envie, courrir dans le sable. Sa mamie sortit alors un avion en papier de sa poche et lui dit.
-compte jusqu’à trois et l’avion va s ‘envoler !
-un , deux, trois !
D’un geste plein d’assurance, elle lança l’avion qui plana jusqu’à la plage. Pendant que Johnny courrait après, elle se dit que c’était cela, le bonheur. Aucune richesse ne pouvait remplacer ces petits moments avec sa famille.
j’adore !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
merci 🙂
Touchant ! Merci pour ce moment !
son visage d’une pâleur effrayante laisse a voir comment le temps s’est épanoui, en laissant par dessus de sa beauté des creux rappelant chacun une larme, un chagrin, une tristesse oubliée. Comme une enfant, encore, elle s’amuse, plus de temps libre moins de temps a vivre, tout ça est oublié, seule, la place est a la gaieté. comme un bébé elle est retournée, bientôt chez dieu elle s’en ira , mais surement elle renaîtra. comme un bébé elle revivra.
L’idée est belle, un petit travail sur la ponctuation pour mieux suivre ton regard sur cette dame ! Merci Lolli !