Les contes de fée ont la cote.
Mais en même temps, ce n’est pas nouveau.
La première adaptation sur grand écran d’un conte date de 1930 : Blanche Neige, chez Disney. Depuis, la firme s’approprie à tour de bras toute une flopée d’histoires issues tantôt des frères Grimm, tantôt de Perrault et même des légendes et histoires traditionnelles de tous les pays du monde. Nous avons tous grandis avec ces films d’animation diffusés à la télévision. Une fois devenus adultes, il nous arrive non seulement de les revoir avec nos petits frères, petites sœurs ou même enfants et petits-enfants, mais aussi de découvrir des nouveautés. Ainsi, tout le monde a vu ou au moins entendu parler de Raiponce ou de Frozen.

Mais il n’y a pas que Disney dans la vie (Si si, j’vous jure !) Des adaptations, dérivés, réécritures, spin-off, etc. foisonnent certains plus fidèles que d’autres, dans des ambiances plus sombres ou plus décalées en fonction du réalisateur ou de l’auteur, avec des castings qui font rêver ou rouler des yeux, en fonction des goûts ! 2015 ne sera pas en reste à ce niveau. Rien que pour le premier trimestre, on compte deux sorties importantes à ne pas rater :

« Into The Woods : Promenons-nous dans les bois » de Rob Marshall le 28 Janvier 2015.

« Cendrillon » de Kenneth Branagh le 25 mars 2015.

Mais qui dit effet de mode dit forcément grand écart de qualité dans tout ce qui a été fait ou tout ce qui sera fait. En attendant de pouvoir vous donner un avis sur les deux films précédemment cités, je vous propose une petite rétrospective dans un top 10 transmedia des meilleures adaptations de contes. Attention, on entre en zone de subjectivité!

#10 Hook, la revanche du capitaine crochet.

Adapté de Peter Pan, de J. M. Barrie.
« Peter Pan a vieilli et a oublié le monde imaginaire. Il a épousé la petite fille de Wendy et est désormais un avocat d’affaire connu sous le nom de Peter Banning. Hélas pour lui, le capitaine Crochet a la rancune tenace et fait enlever ses enfants… »

Le film est sorti en 1991 et je me souviens l’avoir vu très jeune. C’est la première fois que je découvrais Robin Williams à l’écran et jamais je ne l’oublierai. Au premier visionnage, je me souviens d’avoir été très perturbée bêtement par la scène du coffre plein de scorpions. Il en faut peu pour marquer l’esprit d’un enfant. Je l’ai revu il n’y a pas si longtemps et même si on sent que le film commence à dater (plus de vingt ans !) c’est toujours un vrai plaisir. En partie grâce au talent de Robin Williams (l’Eternel) mais aussi parce qu’il offre une suite à l’histoire vraiment sympathique que l’on connaît tous par Disney. C’est un classique à découvrir absolument si ce n’est pas déjà fait !

#9 Blanche neige et le chasseur.

Adapté du conte de Jacob Grimm (1812). Réalisé par Peter Sanders.
« Blanche Neige vient de perdre sa mère et son père, le roi, est inconsolable. Jusqu’à ce qu’il rencontre une femme magnifique, qui désire s’emparer du sang de Blanche Neige, afin de rester belle à jamais. Commence alors une traque sans merci… »

Enfin, adapté, il faut le dire vite. Blanche Neige est le conte qui a le plus fait couler d’encre et mobilisé le plus grand nombre de pellicules. Elle a été déclinée à toutes les sauces, certaines respectant d’avantage l’œuvre originale, d’autres se contentant d’une adaptation un peu niaise à la Disney. En voyant la bande annonce de ce film, j’ai été très emballée. J’ai tiqué devant le nom de l’actrice principale mais il s’avère qu’elle s’est assez bien débrouillée. J’ai malgré tout ressenti une certaine déception car le film, bien que visuellement très bien réussi, a un scénario un peu faible ou plutôt, relativement mal exploité. Je suis restée sur ma faim. Il n’empêche que c’était une adaptation originale pour un conte vu, vu et revu et malgré les défauts du film, je pense qu’on peut y trouver une inspiration. Il ne faut jamais avoir peur de s’emparer d’un sujet déjà usé jusqu’à la corde, si tant est qu’on adopte un angle innovant ! Mais ne faites pas comme Mr Sanders en vous arrêtant à mi-chemin…

#8 Dictatorial Grimoire

Il s’agit d’un manga de Kano Ayumi, qui reprend les personnages de plusieurs contes de fées.
« Otogi Grimm, nouveau lycéen, suscite les interrogations de ses camarades de classe. En effet, son nom de famille n’est pas banal et, en plus, il s’est installé dans le vieux manoir de la ville, dit hanté. Si le garçon ne croit pas à ces rumeurs de fantôme, il va vite se rendre compte qu’elles ne sont pas totalement infondées. Il découvre alors un étrange ouvrage et en libère les créatures, qui ne sont autres que les personnages des contes de Grimm. Et ils ne sont pas tout à fait comme vous pouviez les imaginer ! »

Et c’est peu de le dire…
Ce que j’ai particulièrement aimé dans Dictatorial Grimoire c’est qu’on ne peut absolument pas s’attendre à ce qui va arriver. Quand l’auteur a choisi les personnages des contes à utiliser, il a gardé une base connue de tous avec des petits clins d’œil relatifs aux détails tout en modifiant complètement la perception qu’on peut en avoir ! Je ne donnerai pas plus de précisions ici, parce que c’est un manga à lire et à savourer, mais honnêtement…Vous ne risquez pas d’oublier Blanche-Neige de sitôt ! Surtout que c’est une série finie en 3 tomes.
Un bon point pour le Japon.

#7 La belle et la bête

Le conte original est basé sur l’œuvre de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve puis a été repris par Jeanne-Marie le Prince de Beaumont, qui a supprimé toute une partie. C’est sur cette dernière que se base la plupart des adaptations.
« Belle est une jeune femme intelligente qui se sacrifie pour sauver son père, condamné à mort pour avoir volé une rose dans le jardin d’un monstre. Contre toute attente, la Bête l’épargne et lui permet de vivre dans son château. Ainsi, Belle découvre que derrière le monstre se cache un homme… »

Mon Disney préféré, quand on parle de contes. Je ne sais pas ce qui m’attire le plus. Dans la version Disney, j’aime particulièrement les musiques et l’ambiance générale. Les serviteurs du château sont très attachants, Belle est la première « princesse » Disney que je trouve intelligente, cultivée, amoureuse d’aventure, à qui je me suis attachée et identifiée. Pour cette raison, j’ai eu beaucoup de mal à l’apprécier dans les adaptations qui ont suivi comme le dernier film français en date sur lequel je ne ferai aucun commentaire (ça vaut mieux). La seule Belle que j’ai vraiment aimé depuis le dessin animé, c’est celle brillamment interprétée par Emilie de Ravin dans Once Upon a Time, mais j’y reviendrai.

#6 Once Upon a Time

La série à succès, bien connue de tous, par Edward Kitsis et Adam Horowitz. Elle est basée sur l’imaginaire global des contes, s’inspirant de diverses légendes et de plusieurs ouvrages.
« La méchante reine a lancé une malédiction sur la Forêt Enchantée, que seule l’enfant de l’amour pourra rompre. Ainsi, Blanche Neige et le Prince Charmant doivent se séparer de leur fille et l’envoyer dans un monde sans magie jusqu’à ce qu’elle atteigne ses 28 ans et puisse les libérer. Tous les personnages de contes sont envoyés à Storybrook, petite ville du Maine, où ils oublient qui ils sont.
Pendant ce temps, Emma Swan vit une vie solitaire à Boston jusqu’au jour où Henry, le garçon qu’elle a abandonné il y a dix ans, vienne la chercher pour l’emmener à Storybrook et assumer son statut de Sauveuse…
»

J’ai été très enthousiaste en découvrant le concept de la série à la première saison. Même si tout tournait beaucoup autour de Blanche Neige et du Prince Charmant, j’ai beaucoup aimé les alternances entre l’histoire dans la Forêt Enchantée et celle qui se déroulait à StoryBrook. Le scénariste a vraiment bien réussi son coup, révélant au compte-gouttes des éléments clés de l’intrigue. Hélas, comme souvent lorsqu’une série a du succès, c’est parti en cacahuète. Les saisons suivantes ont connu des passages à vide très importants, qui m’ont même poussée à arrêter, avec des hausses de qualité sur les trois ou quatre derniers épisodes, afin de garder le public. Si la saison 2 avait encore de l’intérêt, l’arc Neverland m’a été extrêmement pénible à regarder. Heureusement, ils se sont rattrapés et la première partie de la saison 4 était relativement agréable, même si sérieusement, la fin…Je vous laisse juger par vous-même.
Ce que j’aime particulièrement dans Once Upon a Time, c’est le traitement original des contes, les détournements astucieux, les rôles multiples donnés à certains personnages (Et oui je pense à Rumple d’amour ♥) Bref, la grande force de cette série, ce sont clairement les différents protagonistes et les flashbacks de la Forêt Enchantée.

#5 Shrek

Réalisé par Andrew Adamson et Vicky Jenson.
« Shrek est un ogre vivant seul dans son marais. Il s’en accommode très bien jusqu’au jour où sa maison est envahie par des créatures enchantées. Il se rend alors auprès de Lord Farquaad, qui a expulsé tous ces gens du royaume. Ce dernier veut épouser la princesse Fiona, pour devenir roi mais il est face à un problème de taille : Elle est prisonnière dans une tour gardée par un dragon. Trop lâche pour aller la sauver, il envoie Shrek…»

Le dessin animé a eu un énorme succès et aura toujours une place dans mon cœur car à mon sens, rien n’est à jeter dans ce film. C’est drôle, touchant et bourré de références à la culture des contes. Il faut l’avoir vu, ne fut-ce que pour l’âne ! Malheureusement, comme toute bonne licence, les producteurs ont eu tendance à trop tirer sur la corde et à mesure que les films sortaient, ils perdaient en qualité. Il n’empêche, l’idée de base était très bonne et ce sont des œuvres qui font rire les adultes comme les enfants.

#4 Alice au royaume de Cœur // Alice au royaume de Trèfle

Adapté de Lewis Caroll. Manga réalisé par Quinn Rose et Soumei Hoshino.
« Alice se détend dans son jardin lorsqu’elle est enlevée par Peter White, qui l’emmène au pays des merveilles. Il lui fait boire une étrange potion qui la lie à son monde, l’obligeant à participer à un bien étrange jeu… »

Ce shojo a déjà pas mal de tome à son actif. Six pour le royaume de Cœur, sept pour le royaume de Trèfle et Ki-Oon vient de publier le premier tome du nouvel arc : le royaume du Joker. Tout a commencé avec un jeu vidéo, puis c’est devenu un manga. Voilà un bel exemple de ce que je cherche à illustrer dans cet article. Les auteurs ont trouvé un moyen original de s’approprier l’œuvre de Lewis Caroll tout en construisant des personnages très attachants, en partie sur la base du réel. Ainsi, pour l’exemple, le Chapelier devient le chef d’une famille mafieuse…
Si vous aimez l’univers d’Alice et que vous appréciez les mangas papiers, foncez ! Sincèrement, même si on a parfois envie de donner quelques baffes à Alice, c’est un bon investissement.

#3 Le chaperon rouge

Adapté du recueil « les contes de la mère l’Oye » par Perrault.
Film réalisé par Catherine Hardwick.
« Depuis des années, une bête féroce harcèle un village isolé. Excédés, les habitants font appel à un chasseur qui leur apprend que la bête est un loup-garou et donc probablement l’un d’entre eux. Pendant ce temps, Valérie s’enfuit avec Peter, son ami d’enfance, dont elle est amoureuse, pour échapper à un mariage arrangé… »

Ce film est sorti en plein milieu de la furie twilight et surtout « bit-lit ». On nous servait du loup-garou à toutes les sauces (encore un mythe dont on a usé et abusé) au point qu’on frôlait l’overdose. Il ne faut pas oublier, après tout, que le loup-garou est supposé être un monstre, un homme habité par un esprit purement animal. Dans ce film, c’est assez bien retranscrit. J’ai particulièrement apprécié la manière dont le sujet a été traité, ainsi que l’ambiance générale de ce long-métrage. Chapeau au responsable des décors et au chef lumière pour le travail accompli ! Cela en plus du reste offre une version moderne du conte de Perrault que je trouve vraiment géniale. Le scénario est vraiment bien, si ça avait été un roman, je l’aurais dévoré. A voir si ce n’est pas encore fait !

#2 Ludwig Revolution

Manga réalisé par l’excellente Kaori Yuki.
« Le prince Ludwig est un libertin aux mœurs douteuses. Banni par son père tant qu’il ne se sera pas trouvé une épouse digne de ce nom, il écope les royaumes avec son fidèle valet Wilhelm… »

L’histoire ne paie pas de mine comme ça mais en réalité, il s’agit d’une parodie finement menée de tous les contes de fées occidentaux, le tout à la sauce « dark », signature de la mangaka. Ludwig est un véritable salopard sadique et cruel, difficile à cerner parce qu’il a parfois des accès de gentillesse…Qui sont en réalité soigneusement calculés. Ce manga n’a aucun complexe, il est drôle, parfois touchant et souvent « what the fuckesque ». Un bon moyen pour découvrir l’œuvre générale de KaoriYuki, qui commence d’ailleurs une nouvelle saga « Kakei no Alice » inspiré, comme vous vous en doutez, de Lewis Caroll et qui devrait sortir cette année en Belgique.
C’est ma mangaka préférée alors je ne peux que vous conseiller de découvrir toutes ses séries !

#1 : Alice au pays des merveilles de Tim Burton

Adapté de Lewis Caroll.
« Alors qu’un lord repoussant la demande en mariage lors d’une réception, Alice aperçoit le lapin blanc et le suit. Elle plonge à nouveau au pays des merveilles mais a tout oublié de sa précédente visite, contrairement aux habitants. Elle apprend que la reine rouge a pris le pouvoir en relâchant le Jabberwocky, elle va donc devoir se battre aux côtés du Chapelier et de la Reine Blanche pour libérer ce royaume. »

Tim Burton + Alice au pays des merveilles + un Johnny Depp en Chapelier Fou + Helena Bonham-Carter en reine de cœur…Que demander de plus ? A mes yeux, Tim Burton était la personne parfaite pour adapter un spin-off du conte bien connu, l’univers correspondant très bien à ses canons habituels, particulièrement au niveau de l’esthétique. Pour moi, ce film est un chef-d’œuvre et je n’arrive pas à lui trouver de défauts. Peut-être parce que Tim Burton est mon cinéaste préféré, peut-être parce que j’ai une affection particulière pour l’univers décalé de Wonderland, parce que j’adore voir Johnny Depp interpréter des personnages un peu barges ou peut-être pour tout cela à la fois et un peu plus. Il y a tout dans ce film, raison pour laquelle je l’ai placé numéro un de ce classement. A mes yeux, c’est l’adaptation la plus magistrale au niveau cinématographique que j’ai pu voir d’Alice.

 

Les New du livre, c’est terminé pour ce mois-ci ! Et oui, on a beaucoup parlé de cinéma, de dessin-animé et de manga, mais après tout, un livre n’est jamais seulement « que » un livre. Il vit dans notre imagination et il n’est pas rare, à notre époque, qu’il passe les frontières des différents médias modernes. Perrault n’avait certainement pas imaginé, au 17e siècle, que son recueil d’histoire aurait un tel succès, pas plus que les frères Grimm et pourtant, dans notre ère numérique, c’est une réalité bien tangible. Ne l’oubliez jamais, il y a toujours quelque chose à retirer d’une adaptation, même lorsqu’elle est ratée.

Et vous, quelles sont vos adaptations de contes favorites ?