Saviez-vous que nous jugeons inconsciemment un inconnu en quelques secondes ?
Et en moins de deux minutes, nous lui attribuons des traits à l’image qu’il dégage. Par la suite, il nous devient difficile de changer notre perception face à l’individu.
Si je vous en parle, ce n’est nullement pour vous inciter à changer votre pull des années 80 et de sourire à tout bout de champ, mais pour vous expliquer l’importance cruciale d’une première impression. :razz:
Vous améliorez vos personnages, soignez votre monde ou encore les dialogues, mais est-ce le cas pour votre incipit ?
L’incipit est déterminant lorsque des lecteurs potentiels n’ont que quelques secondes pour décider si votre roman vaut le coup parmi la kyrielle d’ouvrages à disposition.
Je vous présente 7 astuces pour améliorer votre incipit.
1) Resserrez les mailles du filet : vous aurez une meilleure prise
Plus les ouvertures sont inhabituelles et fortes et plus elles accrochent les lecteurs… Qui n’a jamais lu cette phrase ?
Ce que la plupart ne déduisent pas de cette information, c’est que ces ouvertures puissantes peuvent rapidement décevoir vos lecteurs si la suite… ne suit pas !
Débuter par le moment le plus dramatique et/ou lorsque la tension touche le point culminant implique forcément une descente. Attention à la chute.
Comme m’expliquait un ami pêcheur :
« Le truc, c’est de réaliser une petite accroche sur ta prise et d’ensuite tirer comme un fou dans la direction opposée ! »
Je crois qu’il devrait écrire :wink:
2) Du plan large au plan détaillé
Il arrive souvent d’introduire un film par un gros plan qui recule progressivement, de manière à dévoiler l’ensemble du contexte.
Ainsi, ce qui apparaissait comme une évidence à première vue peut se complexifier la seconde suivante.
Cette technique fonctionne moins aisément dans l’écriture pour plusieurs raisons. Principalement :
Une majorité des lecteurs préfèrent s’ancrer dans le contexte général et, ensuite, zoomer progressivement vers les différents éléments.
C’est une optique intéressante pour ouvrir votre roman.
3) Évitez de prendre trop d’avance sur vos lecteurs
Un des dangers de l’incipit : des lignes confuses à la première lecture, mais dont le sens apparaît parfaitement à la découverte de renseignements supplémentaires.
Votre lectorat risque de s’embrouiller et de partir avec une mauvaise image de votre histoire. Pire, de ne pas poursuivre la lecture.
Ça ne signifie pas pour autant que vous ne pouvez pas écrire une ouverture qui ne prendra son sens que dans la suite du déroulement, mais celle-ci devrait rester compréhensible avec et sans les informations supplémentaires.
4) Utilisez les dialogues avec parcimonie
Ouvrir son histoire sur un dialogue… Pourquoi pas ?
Le problème de cette technique vient de la facilité à perdre votre lecteur d’entrée de jeu.
Imaginez-vous un instant apercevoir un groupe d’amis dans la rue. Vous débarquez en plein milieu d’une discussion. À moins de bien connaître vos amis, vous risquez de ne pas saisir directement le sujet de conversation.
Même chose pour les lecteurs potentiels. Excepté qu’ils ne vous connaissent pas et qu’ils n’hésiteront pas à remettre votre bouquin sur l’étagère.
Gardez à l’esprit qu’ils seront probablement perdus dans la conversation de vos personnages tout comme vous l’étiez lorsque vos amis parlaient de crevettes roses du Massachusetts !
Une alternative : placer une simple ligne de dialogue et établir le contexte pour permettre à la discussion restante de se poursuivre sans perdre l’auditoire.
Bien sûr, vous pouvez commencer par un dialogue entier et offrir le panorama nécessaire par la suite, mais c’est à juger avec prudence.
5) Il ne faut pas toujours réinventer la roue
Pour savoir ce qui fonctionne, regardez ce qu’il se passe ailleurs !
L’incipit est une forme d’art. À la manière des gros titres de journaux réputés, l’ouverture doit donner l’envie de lire la suite.
Lisez des livres à succès, des nouvelles, renseignez-vous sur les livres qui obtiennent de bonnes critiques, notamment sur l’incipit. Analysez et tentez de comprendre comment l’auteur les utilise…
L’apprentissage par les autres vous apportera beaucoup.
6) Si vous avez un doute, testez différents incipits
Selon moi, cette technique demeure la plus simple et la plus révélatrice.
Si vous hésitez entre plusieurs possibilités : testez-les. L’effet produit par chacune diffère toujours et certaines fonctionneront mieux que d’autres selon votre récit.
Demandez à vos amis ou sur des forums quelle introduction fait sensation dans votre histoire. Pourquoi un tel engouement sur cette approche au lieu d’une autre ?
Testez !
Plus vous en apprendrez et plus vous saurez comment introduire l’incipit.
7) Vous êtes à la fin de votre histoire ? Relisez le début
Votre ouverture brille de mille feux et mériterait d’être immortalisée à jamais ?
Dans ce cas, attendez de poursuivre votre roman un certain temps et revenez à la case départ. Il se peut que celle-ci ne s’aligne plus avec la suite, car l’histoire a tout simplement évolué.
Il suffira alors d’ajuster votre incipit pour lui rendre son éclat.
Si cela vous ennuie d’en effacer certains, rien ne vous empêche de les mettre de côté pour des projets à venir.
Qui a dit que l’écriture n’était pas écologique ? ;)
Enfin, et bien évidemment, l’incipit seul ne permet pas de juger un roman.
Mais dans un environnement littéraire, une bonne introduction peut faire la différence et vous donner une meilleure impulsion. Pourquoi s’en priver ?
J’aimerais connaitre votre avis sur le sujet. Que pensez-vous des techniques proposées ?
Aussi, parlez-moi des techniques d’ouverture que vous utilisez. Quelles sont celles qui vous semblent prometteuses ? Celles que vous utilisez régulièrement ?
Écrit par : Manuel .G
J’envie l’ incipit de Diana Wynne Jones dans » Le château de Hurle « , un livre à ne surtout pas rater et négliger. Une merveille de livre !
En ce qui concerne le point 4, l’incipit par le dialogue est souvent pratiqué en littérature (sans réfléchir, je pense au « Portrait de Dorian Gray » d’Oscar Wilde, « Quand Dieu s’amuse » (nouvelle) de Jack London… peut-être « La Machine à Explorer le Temps » de HG Wells). Cette technique permet d’introduire la problématique du récit lorsque celle-ci a une dimension philosophique (comment ne pas penser aux dialogues de Platon ?), ce qui est souvent le cas des histoires fantastiques ou de SF.
Naturellement, le faire bien relève de l’art : il ne faut pas commencer à n’importe quel moment du dialogue, au contraire, il faut bien le choisir ; et les premières interventions de chaque interlocuteur doivent être suivies (plutôt que précédées) par une description succincte mais pertinente de ce dernier. À l’occasion de l’une de ces descriptions, il est possible d’élargir au contexte pour donner l’ambiance générale.
De cette façon, on entre dans le vif du sujet tout de suite, sans être submergé par l’action et en prenant le temps de s’acclimater à l’ambiance.
Si elle est assez difficile à manier, cette technique d’incipit est l’une de mes préférées… au moins en tant que lecteur.
Bonjour Manuel,
Je découvre ton site ce soir et je doit dire que j’y suis scotché depuis un moment. C’est donc mon premier message.
Pour ma part, j’ai rédigé un incipit qui se déroule quelques années avant le commencement de l’histoire. Un chapitre mystérieux qui laisse le lecteur dans le vague mais toujours entraîné par l’action du personnage. Un ou deux terme qu’il ne connait pas sur un court dialogue et hop le tour est joué ! Je l’espère…
C’est sûr qu’après réflexion, foncer tête baissée n’est pas la meilleure solution.
Tout cela est encore très instructif, merci Manuel!
Disons que c’est mieux de connaitre le chemin avant de l’emprunter, mais ce n’est pas une obligation 😉
Avec plaisir.
Bonjour, Qu’est-ce que l’inscrip ?
Merci
Néophyte
Bonjour,
J’imagine que l’inscrip voulait dire l’incipit ? ^^
Voici un article qui explique ce terme :
http://www.ecrire-un-roman.com/articles/ecrire-mieux/lincipit-dun-roman/
Cette page m’a particulièrement plu. Elle résume en réalité tout le travail de l’écriture et me permets de réussir. J’y veillerai absolument. Merci à Manuel une fois de plus.
Oh oui, l’écriture demande beaucoup.
Beaucoup de quoi ? De tout 😉
Au plaisir.
Bonjour !
En ce qui me concerne, j’adore écrire les incipit de mes histoires, et je les soignes tout particulièrement. Je n’aime pas beaucoup commencer par un dialogue, je préfère d’abord introduire une petite situation. Le problème c’est que parfois j’ai l’impression de trop en faire, comme si à force de toujours vouloir faire mieux je faisais trop et qu’au final ça sonnait faux. Pourtant, je ne commence pas par quelque chose de très puissant, fort dans l’histoire et compliqué. Autre petit problème personnel, c’est après l’incipit où je me sens perdue. Que faire pour rebondir correctement et continuer l’histoire pour qu’elle suive le fil qu’on avait construit ?
Mise à part ça, je trouve que le dernier point est très utile, parce que j’ai récemment beaucoup réfléchis sur une histoire qui a bien évoluée et j’ai dû modifier mon incipit (juste une petite anecdote).
A bientôt !
Bonjour Julie,
Idéalement, il serait plus pratique de poser le début de l’histoire sur le forum, car les réponses vont bien sûr variées d’un texte à l’autre.
Difficile de donner un avis sur ces questions personnelles sans en savoir un peu plus sur le texte.
Les réponses n’en seront que plus adaptées ^^
Au plaisir.
Oui, c’est vrai ^^
Eh bien je ferais ça alors !
A bientôt !
j’ai changé trois fois l’incipit de ce premier roman sur lequel je « travaille » et ce ne sera sans doute pas la dernière rectification. je voudrais faire lire ces premières pages par quelqu’un de critique.
Est-ce envisageable d’envoyer des premières lignes de roman sur ce forum? pour ma part, je ne connais pas d’autre forum valable.
Bonjour manuela,
Je pensais justement à mettre en place un jeu d’écriture axé sur l’incipit, pour s’améliorer.
C’est une possibilité de les mettre sur le forum. Les avis sont intéressants et rien n’empêche de mettre uniquement les premières lignes d’un texte pour un avis ! 😉
Généralement, je reste assez souvent sur l’incipit lorsque j’écris mes textes, parce que j’ai envie que le lecteur soit passionné dès les premières lignes. Plus facile à dire qu’à faire, en général : j’ai la fâcheuse habitude de faire un premier chapitre tellement complexe que les yeux des lecteurs saignent, et les autres si courts que je me demande si je ne pourrais pas faire tenir le tout dans un seul chapitre. Bien entendu, j’exagère. 😀 Je donne assez d’informations pour que le lecteur ne soit pas complètement perdu au début, mais j’essaie de limiter les descriptions pour ne pas l’ennuyer ou brouiller sa lecture.
Il y a quelques temps, j’ai essayé de faire des incipits percutants, avec des phrases courtes, un rythme frénétique et quelques informations et lignes de dialogue pour compléter le tout. Ensuite, je développais l’univers au cours du texte. C’est une technique comme une autre, mais je pense qu’elle peut fonctionner : l’incipit est très court et nous fait entrer dans l’histoire ; les autres chapitres, quant à eux, servent à donner des contours plus précis au monde.
C’est toujours une question de dosage. Trouver le bon équilibre. 🙂
C’est une technique intéressante, mais je pense qu’il faut faire attention sur certains points.
Par exemple : bien gérer le rythme tout au long de l’écriture, car le lecteur, d’entrée de jeu, sentira instinctivement un rythme assez mouvementé qui ralentira au fil des chapitres.
Attention donc à ne pas perdre l’attention de son lecteur au fil de l’histoire 😉
Toujours une question de dosage.
Très bon article ! J’en cherche toujours plus sur les incipit qui sont mon gros point faible.
Je commence par écrire un premier jet et je continue mon histoire. Comme pour le conseil n°7 j’ajusterais à la fin. Je sens déjà que mon histoire à évoluer et qu’il faudra changer quelques petites choses.
Avant je bloquais sur l’incipit et du coup je n’écrivais rien. Grâce à des articles comme celui-ci j’ai enfin pu dépasser ça !
Je suis content pour toi, Chloé !
Continue à chercher les informations et à progresser. C’est comme ça qu’on réussit 😉
Salut Manuel,
Merci pour ces idées qui donnent pas mal à réfléchir… Je vais aller lire l’incipit de mes romans préférés !
Pour ma part, bien que n’écrivant pas très souvent, je trouve assez facile et efficace de commencer par un personnage qui fait une action « calme » (grimper un sentier escarpé, assister à une conférence, être assis dans un bus) et de décrire ses pensées pour présenter un peu les enjeux de sa situation. Puis j’enchaîne rapidement sur une action plus dynamique.
Et le récit est lancé !
Jérémie
Salut Jérémie,
C’est une excellente idée que de voir ailleurs. D’ailleurs, si tu as quelques titres intéressants à proposer… 😉
On retrouve bien quelques points dans ta manière de procédé pour ouvrir ton histoire. 🙂
Bien à toi.
Salut Manuel,
Je suis allé relire les incipits de « Blind Lake » de Robert Charles Wilson, de « Ventus » de Karl Schroeder (2 très bons romans de SF) et du roman « Le 7e fils » d’Orson Scott Card (fantasy).
Tous procèdent de cette manière : une action anodine ou quotidienne (se réveiller, réparer un mur, ramasser les oeufs au poulailler) comme point de départ pour commencer à décrire le contexte de l’histoire, pour poser les premiers problèmes auxquels doit faire face le héros ou pour expliquer les particularités de son monde.
C’est instructif 😉
Jérémie
Merci pour le partage 😉
Bonjour!
Personnellement, j’ai fait ce qu’il est écrit dans le numéro 4. J’ai écrit deux lignes de dialogue puis j’ai développé le contexte et fais une petite présentation des personnages. J’ai écrit la suite du dialogue plus loin 🙂
Encore un article intéressant, on se retrouve dedans et ça pousse à la réflexion. Merci!
Bien joué, Luciole ! 😉