Parce que certaines questions reviennent. Parce qu’il est bon de reprendre une piqûre de rappel. Parce qu’il est intéressant de garder son objectif en vue…

J’espère que ce petit guide de survie aidera les plus néophytes et avancés d’entre vous :wink:

 

Prenez conseil

Le premier conseil qu’on peut donner à quelqu’un qui écrit et veut survivre dans l’impitoyable monde littéraire… c’est de prendre conseil !

En effet si l’expérience est par définition ce qui ne se transmet pas, ce qu’on est obligé d’acquérir seul, cela ne signifie pas que vous ne puissiez éviter beaucoup d’erreurs en écoutant les autres.

Qui s’agit-il d’écouter ? La réponse est simple : tout le monde ! Ayez confiance en votre jugeote : vous rectifierez les dires des uns et des autres en fonction de leur position.

Ainsi, vous pouvez écouter les doléances de l’écrivain qui soutient que les éditeurs ne lisent même pas les manuscrits qu’on leur envoie ; vous pouvez écouter les plaintes du vieil éditeur qui affirme que la production actuelle est nulle ; vous pouvez écouter les assertions du blogueur persuadé que la littérature sur papier, c’est fini.

Vous pouvez tous les écouter à la seule condition que vous ne perdiez pas de vue qu’il y a de grandes chances pour que leurs opinions leur soient en partie dictées par leurs intérêts, leurs déceptions, leur histoire, etc. Bref, ne prenez pas tout pour argent comptant, mais ouvrez grand les oreilles.

 

Les autres écrivains

Les personnes dont vous pouvez tout particulièrement rechercher les conseils, ce sont bien sûr les autres écrivains.

L’avantage ? Si l’on excepte quelques poètes réfugiés dans leur tour de silence, les écrivains aiment en général partager leur expérience. Certains le font dans leurs livres, d’autres dans les entretiens qu’ils accordent aux médias, d’autres encore lors des rencontres organisées avec eux… auxquelles rien ne vous interdit de participer.

Osez ! 🙂

Si vous êtes fascinés par les livres d’un écrivain en particulier, pourquoi ne pas lui écrire par l’intermédiaire de sa maison d’édition ? Vous pourriez obtenir de précieux témoignages ou conseils. Si l’écrivain en question n’est pas un ours mal léché, il devrait vous répondre… surtout, il faut le dire, si ses admirateurs ne se comptent pas encore en millions (parce que dans ce cas, il a peut-être beaucoup de courrier !)

Sur quoi les interroger, ces écrivains que vous appréciez ? Mais sur tout ce qui vous intéresse ! Donnez simplement la préférence aux questions techniques, ce sont elles qui vous en apprendront le plus.

Je vous conseille ainsi d’éviter les questions de « fan » (exemple : « Si vous racontez si bien la mort du chien Tobie, est-ce parce que vous avez eu la douleur de perdre un animal de compagnie ? »), et de préférer les questions de « collègue » (exemple : « Vous êtes-vous documenté sur les labradors pour décrire Tobie ? Comment vous est venue l’idée de raconter sa mort par anticipation, dès l’incipit ? »)

Quoi qu’il en soit, vous gagnerez à savoir comment vos collègues travaillent, par quel moyen ils ont attiré l’attention d’un éditeur, quels sont leurs rapports avec leurs lecteurs ou avec les journalistes.

J’ajouterai que vous pouvez questionner toutes les personnes qui écrivent. Il y a à prendre partout. Ainsi un jeune écrivain qui débute aujourd’hui est confronté à des problèmes dont ses aînés ignorent presque tout, et la façon dont il essaie de les résoudre sera peut-être plus riche d’enseignements pour vous que le récit que pourrait vous faire un écrivain confirmé, qui vous expliquerait comment il a survécu dans un monde littéraire… à tous points de vue différents de celui que vous attend.

 

Travaillez, diversifiez-vous, sachez où vous allez

Je crois que la principale qualité pour survivre quand on veut écrire, c’est d’écrire, et de le faire sans relâche. Ne cédez jamais. Quand vous terminez un manuscrit, avant même de l’envoyer à quelques éditeurs, commencez un autre manuscrit.

Si écrire est important pour vous, ne vous cherchez pas d’excuse : « Je n’ai pas le temps, mais plus tard j’écrirai… » Vous n’aurez jamais le temps. À vous de vous organiser pour en trouver.

Tout de suite.

N’écoutez pas ceux qui veulent vous décourager… ou alors écoutez-les tout à fait. Mais pas de demi-mesure ! De deux choses l’une. Soit vous voulez vraiment écrire, et de toute façon chacun de vos échecs va vous servir : pas la peine de les ressasser. Soit vous ne voulez pas vraiment écrire : ce n’est pas grave, faites autre chose.

Essayez de vous diversifier. Oh, pas à la façon d’un industriel qui anticipe le moment où les consommateurs se lasseront de ce qu’il produit, mais à la façon d’un sportif qui veut posséder tous les coups de son sport. Ne vous contentez pas de maîtriser le coup droit ! Ne vous dites pas que vous allez tourner autour de la balle toute votre carrière, pour ne jamais avoir à frapper un revers !

Vous écrivez des poèmes depuis toujours ? Et si vous tentiez un roman policier ? Ou un essai métaphysique ? C’est souvent en faisant un pas de côté qu’on trouve sa voie.

Il ne s’agit évidemment pas de se renier, mais de faire fructifier ses différentes expériences, de les faire résonner. Ne vous interdisez rien, ne vous limitez pas.

Il y a peut-être un âge pour s’engager résolument sur son propre chemin, sans plus regarder ailleurs, mais cet âge vient tard chez les écrivains. Vous avez de la chance : à trente ans, on est un vieux tennisman, mais on est encore un jeune écrivain. Alors comportez-vous en conséquence : essayez, testez, et n’ayez pas peur !

Je vous conseille aussi de vous faire une sorte de plan de carrière, afin de savoir où vous allez. Ayez toujours un coup d’avance : ayez par exemple, pendant l’écriture, une idée d’éditeur qui pourrait accueillir votre manuscrit, mais anticipez aussi un éventuel refus, de façon à n’être jamais pris au dépourvu.

Et ne vous fermez aucune porte. Si vous tenez à être lu et que vous ne trouvez pas de maison d’édition pour votre manuscrit, pourquoi ne pas l’éditer vous-même ? Pourquoi pas le diffuser par l’intermédiaire d’un site ? Cela n’a rien de honteux, cela peut attirer l’attention d’un éditeur, et surtout, cela vous aidera à repartir de l’avant.

 

Apprenez à vous vendre

« Se vendre »… ouh, le gros mot ! 😉

Je sais que l’expression fait peur à beaucoup d’amoureux des livres, guère à l’aise avec le monde commercial. Mais peu importe l’expression.

Ce qui compte, c’est de comprendre qu’au bout du processus d’écriture, il n’y a que deux voies. Soit vous rangez votre manuscrit dans un tiroir, soit vous le présentez. Et si vous le présentez, alors vous êtes bien obligés… (appelez ça comme vous voudrez !) de le vanter, de le vendre, bref de donner aux autres l’envie de le lire.

Selon le mode de diffusion que vous choisirez (soumission à une maison d’édition, auto-édition, etc.), les modalités varieront. Mais le principe sera toujours le même. Il faut que la personne à qui vous « parlez » (éditeur, internaute, lecteur de hasard) ait envie de commencer à lire votre texte.

Pas de recette miracle en ce domaine. Tout est affaire de tact. Ni trop ni trop peu ! Ni ceci : « Lis un peu ça, coco, c’est le chef d’œuvre du millénaire », ni cela : « Pardon de vous déranger, j’ai écrit un truc nul, mais bon… »

Mon conseil : quel que soit le support (lettre manuscrite, page d’accueil de site internet, quatrième de couverture d’un livre autoédité), faites relire votre présentation par quelqu’un en qui vous avez confiance. Quelqu’un qui pourra vous dire : « Écoute, tu en fais trop, on dirait que tu te prends pour Homère » ou au contraire : « Écoute, j’ai lu ton texte, je ne vois pas pourquoi tu le présentes avec tant d’humilité, tu ne donnes pas envie de le lire. »

 

Entourez-vous bien

En tant qu’écrivain, mais aussi en tant qu’être humain, vous n’avez pas de temps à perdre. Vous pouvez flâner, bien sûr, ce n’est pas ce que j’appelle du temps perdu. Même s’ennuyer n’en est pas toujours, et puis ça dépend des gens.

Telle personne qui fait la queue dans un magasin vit un authentique « temps mort », tandis qu’une autre va mettre à profit ce moment, sans même y penser, pour résoudre un problème qui l’occupe (comment réparer sa chaudière ou comment maintenir le suspens dans l’avant-dernier chapitre d’un livre, par exemple…)

Ce que je veux dire, c’est que vous devez vous méfier de la façon dont vous occupez votre temps, et même de votre entourage. Soyez exigeants avec les autres comme vous l’êtes avec vous-même… et inversement. Méfiez-vous des jaloux, des saboteurs, de ceux qui chercheront à vous décourager pour le principe, parce que c’est leur vie que de décourager les gens comme vous.

En un mot : soyez professionnel. L’écriture est rarement un métier à part entière, mais pour survivre en tant qu’écrivain, vous devez envisager cette activité avec autant de sérieux que si c’était une profession.

 

Et vous, quel serait votre conseil pour perdurer dans ce monde impitoyable qu’est l’écriture ?

 

Écrit par :

 

Crédit