Le Haut-Royaume – Pierre Pevel

Quelques infos pratiques : Le tome 1 est paru pour la première fois chez Bragelonne le 26 avril 2013 en grand format. Il est sorti en poche dans le courant mars 2015 chez Milady. Dans la version « grand format », il compte 528 pages et coûte 25 euros. Dans la version « petit format », il coûte 8,20 euros. La couverture est signée Didier Graffet.

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Résumé de l’histoire : Il avait pour nom Lorn Askariàn. Certains disent que le malheur arriva par lui et d’autres qu’il fut celui par qui tout fut sauvé. Dans ses veines coulait le sang noir des héros condamnés.  

Le Haut-Royaume connaît sa période la plus sombre. Le roi est affaibli et la rébellion gronde aux frontières du territoire. En dernier recours, le souverain libère Lorn de ses geôles et le nomme Chevalier du Trône d’Onyx, chargé de protéger l’autorité royale. Héros valeureux et juste, Lorn est une figure d’espoir pour le peuple, mais il poursuit également un but secret : retrouver ceux qui l’ont maintenu en captivité, les uns après les autres… et leur faire sentir le goût de la vengeance.

 

 

Mon p’tit avis

Pierre Pevel est, sans conteste, mon auteur préféré. En plus d’être un homme accessible à la conversation agréable et à l’humour piquant, il est, à mon sens, l’un des plus grands auteurs français de notre époque. Tous ceux qui ont déjà pu lire le Paris des Merveilles (dont la réédition chez Bragelonne est sortie mercredi dernier, soit le 20/05 !), la trilogie de Weilstadt ou même les Lames du Cardinal ne pourront qu’approuver. Ici, pourtant, il nous offre une œuvre radicalement différente de ce à quoi il nous a habitués.

Tout d’abord, il faut savoir qu’il s’agit de sa première œuvre de pure fantasy. Pierre Pevel est un grand adepte de l’uchronie placée tantôt durant les guerres de religion, tantôt sous le règne de Louis XIII, mais nous sommes ici dans un univers totalement inventé sur fond de Moyen-Âge. On retrouve des dragons, de la magie, des touches de surnaturel présentes, mais magnifiquement dosées.

Outre l’univers remarquablement construit, jusque dans les plus petits détails, le gros point fort de ce roman est son héros, Lorn. Particulier, complexe, il fut enfermé pour trahison dans une prison au milieu de l’océan, suite à ce qui semble être un coup monté. Des années plus tard, le Haut-Roi décide de le libérer et, contre toute attente, de le nommer à la tête de la Garde d’Onyx qu’il va devoir reformer. Lorn est infecté par le mal d’obscure qui le pousse parfois à des crises de violence et le tourmente. Ce n’est pas un homme empli de justice et de bons sentiments, prêt à tout sacrifier pour l’honneur d’un royaume qui lui a tourné le dos. Lorn est humain, il cultive ses rancunes, a ses propres buts, n’hésite jamais à sortir son épée si le besoin s’en fait sentir. Ce n’est pas un monstre, non, mais c’est bien une facette de lui-même. Lorn dérange, il est sombre, malsain aussi à sa manière et, quand il se laisse aller à sa part d’ombre, c’est un meurtrier particulièrement violent qui cherche à atténuer sa soif de sang.

Dans ce roman, Pevel maîtrise magistralement sa plume en nous faisant découvrir non seulement Lorn, mais aussi les personnages gravitant autour de lui, comme son meilleur ami, le prince Alan, ou les tourments de son ancienne fiancée qui ne parvient pas à tourner la page et n’a jamais voulu croire à sa culpabilité. Le tout entrecoupé par les introspections du Haut-Roi et les discussions d’un mystérieux conseil sur le destin des protagonistes… L’action est intense et n’est pas coupée par des aspects historiques ou descriptifs qui alourdiraient le texte. Pevel a trouvé la solution : à chaque début de chapitre, il intègre un extrait d’une chronique, d’un livre d’histoire ou de géographie, pour donner des informations sur les personnages ou les lieux que nous allons rencontrer, voire parfois pour faire avancer l’action de plusieurs jours et justifier ses ellipses. Coup de génie qui rend la lecture d’autant plus fluide.

À mon sens, le Haut-Royaume (le premier tome comme le deuxième) est la saga la plus aboutie de Pierre Pevel. Bien qu’inachevée à cette heure, elle a tous les ingrédients pour plaire, en plus des qualités littéraires indéniables de son auteur. Non pas que ses autres romans soient moins bons, non. Ils sont simplement différents ou, plutôt, c’est le Haut-Royaume qui est différent. Neuf, frais, inédit, inattendu. Et tout simplement génial. Si vous ne devez jamais lire qu’un seul des romans de Pierre Pevel, choisissez celui-là. Vous serez obligatoirement accro.

Ce qui m’a fait rêver : Lorn – les dragons – l’univers – la prose.

Y a pas de quoi fouetter un chat : On se fait mal au poignet à lire le grand format dans son lit, prévoyez un support ! Désolée je n’ai pas d’autre point négatif à donner…

 

Coup de cœur !! 10/10