ecrire-en-musiqueÉcouter de la musique en écrivant est une pratique controversée chez les auteurs :

  • Certains se font des playlists pour mieux s’inspirer selon l’émotion à faire ressentir au lecteur

  • D’autres, au contraire, refusent d’écouter de la musique en écrivant, par peur d’être distraits ou influencés : « Essayez d’écrire avec une rengaine dans la tête… »

  • D’autres encore pensent qu’il vaut mieux écouter de la musique juste avant d’écrire

Voici un éclairage sur les conséquences que la musique peut avoir sur votre écriture et comment l’utiliser au mieux.

L’influence réelle de la musique sur le cerveau

La musique interagit avec votre cerveau, modifie le rythme cardiaque et provoque directement des émotions.

Les cinéastes ont vite pris la mesure de son pouvoir. Dès les premières diffusions, des pianistes accompagnaient les films muets. Aujourd’hui, les producteurs sont prêts à payer des millions les plus grands musiciens du monde pour nous faire rêver…

Mais en fait, l’influence de la musique sur le cerveau va beaucoup plus loin que le divertissement.

L’effet Mozart

Dans les années 90, une équipe de chercheur a fait des tests pour savoir si la musique avait des conséquences sur le QI. Ils ont découvert qu’écouter Mozart avant de faire un exercice intellectuel augmente les facultés des étudiants.
Les musicothérapeutes connaissent bien ce phénomène étonnant, qu’on a appelé « l’effet Mozart ».

Bien sûr, dans ces sujets, il faut rester extrêmement prudent. Et les études scientifiques ne sont pas unanimes, même si elles admettent toutes un effet bénéfique de la musique sur le cerveau.

Quoiqu’il en soit, on peut en tirer des conclusions pratiques dans l’usage de la musique pour mieux écrire.

Écouter de la musique en écrivant stimule la créativité

Une recherche canadienne de 2005 a étudié l’influence de la musique sur le travail du développeur informatique.

Cette étude est particulièrement intéressante pour le romancier.

En effet, l’auteur de roman a beaucoup de points communs avec le développeur informatique :

  • • Ce sont des métiers qui demandent beaucoup de souplesse intellectuelle

  • • Comme l’auteur, le développeur a besoin de passer sur des sujets très différents, d’intégrer des sources dissemblables et des matériaux hétérogènes, dans un langage logique

  • • Il doit être ouvert, créatif et ne surtout pas penser « en tunnel »

En ce sens, le développeur informatique a les mêmes besoins que l’auteur !

Or, le résultat de cette étude canadienne montre très clairement que l’écoute de musique les rend plus productifs et plus créatifs.

C’est pour cela que je conseille vivement aux auteurs d’écouter de la musique en écrivant. D’ailleurs, c’est ce que je fais en écrivant ces lignes.

Si vous n’êtes pas habitué, prenez le temps de le faire en douceur. Il vous faudra probablement quelques semaines pour en tirer des bénéfices conséquents dans vos écrits (en quantité et en qualité).

Il faut être patient car ça en vaut la peine. Les bénéfices s’accumulent et ils sont « réactivables » : si vous prenez une semaine de silence absolu, vous n’aurez pas perdu votre réactivité quand vous écouterez à nouveau de la musique en écrivant la semaine suivante.

Si vous êtes déjà mélomane, vous avez vraiment intérêt à allumer vos enceintes, car vous en profiterez immédiatement !

Quelle musique écouter ?

On pourrait croire qu’il vaut mieux écouter des musiques tristes pour écrire un passage triste, et ainsi de suite avec toutes les autres émotions…

En fait, ça n’a pas vraiment d’influence.

Ne cherchez pas à coller à l’émotion que vous voulez faire passer dans votre écrit. Quand vous écrivez, il y a rarement une seule émotion en jeu. Et passer d’une musique à l’autre demanderait beaucoup de travail et d’attention supplémentaire.

Pour choisir vos musiques, c’est simple : faites-vous plaisir.

Bon, évidemment, ne passez pas trois heures à choisir votre morceau. Si vous avez une playlist ou un cd, c’est plus simple.

Si vous voulez vous faire un enchaînement musical d’une émotion particulière, pourquoi pas. Mais ce choix de liste n’influencera pas directement votre écriture. Tant que c’est de la musique que vous aimez, c’est l’essentiel.

Même si vous écrivez une scène joyeuse et que la musique que vous voulez écouter est triste, ne vous brimez pas ! Vous allez dynamiser votre créativité.

La seule chose à laquelle je conseille de faire attention, c’est à la distraction des paroles : si vous commencez à fredonner en écrivant, vous serez moins efficace. Surtout quand cette musique devient une rengaine obsédante…
Alors préférez des musiques non vocales (ou alors en une langue que vous ne parlez pas ou mal).

Pour ma part, je me branche sur Deezer et je mets des musiques de film, qui ont l’avantage d’être très colorées et stimulantes (petit détail d’importance : j’ai dû prendre un abonnement pour éviter les publicités… mais je suis sûr que vous avez vos propres solutions !)

Le réglage du son adapté à l’écriture

Nous avons souvent tendance à mettre le son trop fort, pour plein de bonnes raisons (s’isoler, se plonger dans un univers musical…).

C’est une erreur, car nous nous infligeons une agression inutile contre laquelle notre corps doit se défendre.

La première chose à faire est de bien s’isoler.
Pour ma part, j’ai investi dans un casque (agréable au toucher et surtout bien couvrant… je reconnais que c’est assez cher, mais c’est un confort qu’on garde pendant des dizaines d’années). Je connais des auteurs qui vont jusqu’à mettre des bouchons d’oreilles en dessous, pour ne laisser passer que la musique.
Mais le plus simple reste parfois de trouver une pièce calme ou un coin de verdure préservé de la vie citadine.

Pour le régler correctement, mettez le son comme si vous vouliez écouter la musique pour elle-même, puis, baissez d’un ou deux crans.

Si vous devez tendre l’oreille pour percevoir les subtilités de la musique, c’est parfait !

Enfin, restez à l’écoute de vos propres besoins : il ne s’agit pas d’écouter de la musique à tout bout de champ. Ne stimulez pas trop votre cerveau en continu. Il a besoin de silence.
Pensez aux pauses régulières, pour vos oreilles et pour vous : on ne peut pas tenir plus de 25 mn en concentration maximale !

Et vous, écoutez-vous déjà de la musique en écrivant ? Quelle est votre expérience ?