Certains auteurs, libres et audacieux, voudraient s’affranchir des genres littéraires, pour ne pas faire comme les autres, ou tout simplement pour ne pas être influencés. Il est vrai qu’à chaque sortie de Twilight, on a vu fleurir sur Internet des montagnes d’histoires de dents longues et de cœurs brûlants. Il est vrai aussi qu’une certaine production américaine s’appuie souvent sur les mêmes ficelles, au risque de les user. Et pourtant, je voudrais aujourd’hui vous encourager à découvrir les genres (littéraires ou cinématographiques) pour les utiliser à bon escient.

« Il était une fois… »

Quand vous commencez à raconter votre histoire, vous créez chez votre lecteur une attente particulière. À vrai dire, elle est déjà présente depuis longtemps, puisque le titre et la couverture l’ont invité à découvrir votre livre et à l’acheter. Un important élément de cette attente est créé par le genre que discerne le lecteur.   Le genre littéraire est difficile à embrasser, tant ses espèces sont multiples. On y met en vrac les westerns, les comédies romantiques, les tragédies, les romans policiers… en s’efforçant de trouver le point commun, ce qui paraît ardu. Pour mieux comprendre ce que c’est, il faut prendre du recul et dégager le mécanisme plus large.

Pourquoi y a-t-il des genres littéraires : les rouages intimes

Bien que les bonnes histoires se relisent avec la même intensité, le lecteur ne cherche pas des récits strictement identiques, avec les mêmes personnages et les mêmes actions. Car ce plaisir est aussi lié à la découverte et à la surprise.   Pourtant il veut retrouver un plaisir similaire.   La similitude du genre est cette parenté, cet esprit de famille, qui relie deux histoires. Oh ! Dans certains cas, cela peut aller loin. Dans le genre poétique, par exemple, deux sonnets réguliers auront une forme bien cadrée : le lecteur attend de pied ferme 14 vers et rimes distribuées !   Dans les romans, les limites s’assouplissent.

« Donnez à vos lecteurs le plaisir qu’ils attendent, et bien plus encore ! »

Quand vous lisez un western, vous comptez peut-être trouver :

  • –       les chevauchées dans les vastes horizons
  • –       portes battantes des saloons poussiéreux
  • –       le télégraphe
  • –       le train menacé par les bandits ou les Indiens
  • –       et bien sûr les crépitements des Colts et autres revolvers…

Ce sont des clichés, c’est-à-dire des situations ou des images déjà usées. Pourtant, ils portent en eux le rêve qui leur a donné la vie. Vous avez donc tout intérêt à prendre en compte le genre dans lequel vous écrivez, pour en extraire l’émotion encore chaude et palpitante.

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10 étapes pour éviter le piège des genres

Gardez à l’esprit que le genre n’est pas une recette. Il ne suffit pas de suivre scrupuleusement une liste de clichés pour sortir une tragédie ou un roman policier. Pensez le genre, non comme une structure, mais comme une couleur, une personnalité. Voici quelques conseils pratiques pour bien les utiliser :

  1. –       Au premier stade de votre histoire, alors même que l’idée n’est pas formée, vous pouvez vous inspirer des genres que vous aimez.
  2. –       Faites une liste des genres que vous aimez.
  3. –        Notez les éléments de chaque genre préféré, une feuille par genre (vous aimez les vampires ? notez par exemple : morsure, sang, pieu, dormir dans un cercueil, etc.)
  4. –        Regardez chaque élément attentivement et soulignez ceux qui vous marquent le plus (un ou deux sur chaque feuille par exemple si vous avez plusieurs genres)
  5. –        Essayez de noter pourquoi vous aimez ces éléments : pourquoi sont-ils importants à vos yeux ? Pour le symbole ? Pour l’ambiance ? Pour l’esthétique ? etc. Notez votre analyse comme si vous deviez l’expliquer à quelqu’un d’autre. C’est important : c’est déjà une manière de poser vos émotions, de les transmettre à vos lecteurs
  6. –        Si une idée d’histoire arrive, vous pouvez bien sûr utiliser ces éléments soulignés, sans craindre de mélanger les genres
  7. –        Mettez de côté ces feuilles, sans vous soucier du genre dans lequel vous écrivez. Construisez votre intrigue, donnez vie à vos personnages (cela devrait prendre quelques semaines)
  8. –        Une fois que votre histoire est construite, reprenez les feuilles de vos genres favoris, mettez-vous à la place du lecteur et jaugez dans quel genre vous avez écrit votre histoire
  9. –        Démarrez votre histoire en marquant bien le genre principal, pour le rendre reconnaissable.
  10. –       Saupoudrez l’ensemble de votre histoire avec l’ensemble des éléments que vous avez noté, en revisitant les clichés, en les tordant pour les adapter à votre histoire !

 

Et vous, quels sont vos genres de prédilection ?